Quand j’ai appris cette nouvelle hier après-midi, j’ai tout de suite réagi. Par quelques tweets d’abord, puis sur le plateau de Public Sénat. À vrai dire, je suis extrêmement choquée par ce que je vois. Moi qui pensais que la France n’avait pas perdu la mémoire de sa sombre histoire, j’étais loin d’imaginer qu’en 2013, en tant que parlementaire, élue du peuple, je serais témoin d’une rafle. Car oui, il faut bien le dire, c’est une rafle.
Imaginez cette enfant. Elle a été humiliée, emmenée par la police sous le regard de ses camarades et de son enseignant qui se demandaient quel tort pouvaient bien lui reprocher les forces de l’ordre. Toute la machine administrative a oeuvré pour cette arrestation dont la demande a été formulée par le maire. Imaginez donc cette enfant bannie, ostracisée, exclue…
Il faut arrêter avec ces pratiques! Je me réjouis néanmoins de la réaction du Premier ministre qui a rappelé que l’on ne pouvait légalement arrêter un mineur dans une enceinte scolaire. J’espère que les autorités compétentes tireront toutes les conclusions de cette faute. Je note tout de même au passage que Manuel Valls n’a pas encore reconnu cette erreur administrative. Malgré cette déclaration de bon sens, ce qui vient de se passer est très grave. Grave pour la France, mais grave pour la gauche aussi.
Si nous utilisons les mêmes méthodes que la droite dont le but affiché est de séduire l’électorat frontiste, nous faisons fausse route. Si ces pratiques recommencent, il sera fermement question de se désolidariser d’une telle majorité! Car si Leonarda est la première mineure arrêtée et expulsée de la sorte, c’est un jeune arménien qui a été reconduit à la frontière la semaine dernière. Ce dernier a eu la malchance d’avoir passé ses 18 ans pour susciter l’indignation à laquelle nous assistons aujourd’hui. Mais au fond, c’est la même chose. Il faut stopper cette politique, je ne veux plus, en tant que citoyenne de gauche et défenseure au quotidien des droits humains, que ce genre de rafle se reproduise.
Je ne suis pas d’accord avec Marisol Touraine qui ce matin sur France Info justifiait cette arrestation par l’application stricte de la loi. Je ne suis pas d’accord, car la loi dont elle parle est pervertie. On ne peut humainement se contenter d’appliquer la loi sans discernement, sans appréciation au cas par cas. La gauche laissera des plumes dans cette triste affaire. Elle risque de perdre son électorat traditionnel, qui défend des conceptions humanistes. Au moment où la cote du Président affiche un faible 24%, il serait temps de réfléchir aux conséquences de tels actes.
Nous en sommes donc à l’application du discours nauséabond qu’on nous sert depuis quelques semaines, dans cette France qui se droitise dangereusement. J’espère que l’indignation observée n’est pas qu’un bref sursaut d’humanisme chez nos concitoyens, mais qu’elle révèle un attachement profond à des valeurs. Comme parlementaire, membre de la majorité, je ne peux qu’être affreusement peinée. Il me sera difficile de tolérer plus longtemps ce genre de spectacle indigne du pays des droits de l’homme. Ça suffit!