Par P.Th.
» «Nous n’avons pas la même couleur politique. D’ailleurs d’autres couleurs non plus.» Ces propos du sénateur UMP Bruno Retailleau, visant sa collègue écologiste Esther Benbassa, ont fait monter la tension d’un cran au Sénat ce jeudi. Dans un climat déjà très tendu pour cause d’examen du projet de loi sur l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe, il n’en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres.«Qu’est-ce que ça veut dire, ça ?» s’est aussitôt exclamé le président du groupe EELV au Sénat, Jean-Vincent Placé. «C’est scandaleux!».
Cheveux teints en rouge, vêtue d’une veste jaune d’or, Esther Benbassa l’élue aux trois nationalités – française, israélienne et turque – auteur d’un discours remarqué à l’ouverture des débats, ne cache pas son agacement. «Ça suffit», lance-t-elle. Fait rarissime, alors que la séance se poursuit, l’ancien villiériste et élu de Vendée Bruno Retailleau se lève et se dirige d’un pas décidé vers Jean-Vincent Placé. S’engage une discussion franche interrompue par… les huissiers. Le tout, sous l’oeil des caméras de Public Sénat.
«Excuse-toi !»
Le sénateur UMP reprend la parole. «Ce qui se déroule, c’est insupportable. Il y a eu un premier temps où, dès lors que l’on s’inscrivait en faux sur le texte, on était traités d’homophobes», commence-t-il. Esther Benbassa ? «Elle est verte! Je suis désolé, c’est sa couleur politique!» Au micro, Bruno Retailleau se justifie encore en évoquant les «couleurs vestimentaires» de la sénatrice, se défendant «d’avoir d’autres pensées». «Ah!» ponctue la principale intéressée.
«Faire croire que moi, parce que quelqu’un est d’une autre couleur, d’une autre religion ou quoi que ce soit, je lui manquerai de respect… Je ne peux pas tolérer ça», enchaîne-t-il. Le ton se fait plus ferme : «On sait ce que je pense. J’ai des écrits, j’ai des discours et je défie quiconque de montrer, dans les vingt-cinq ans de ma carrière politique, le moindre écart, le moindre manque de respect à la dignité de qui que ce soit.»
La tirade ne convainc pas Jean-Vincent Placé. Le chef de file des sénateurs écolo «demande des excuses» après cette intervention «extrêmement grave». «Excuse-toi!» lui enjoint-il, alors que la discussion se poursuit dans les travées de l’hémicycle. «Vous n’allez pas me donner de leçon de culture», tonne Esther Benbassa qui lâche : «Il dit n’importe quoi !» Un autre sénateur s’en mêle, tentant une pointe d’humour : «Eh Bruno, met un costume jaune…». »
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