L’article paru dans le numéro de Valeurs actuelles daté du 29 mai 2014
Mes échanges de mail avec avaaz.org attestant que je ne suis pas l’auteur du texte que l’on m’attribue
2014-06-02 12:40 GMT+02:00 BENBASSA Esther <e.benbassa@senat.fr>:
Bonjour,
Je vous contacte au sujet d’une pétition en soutien à la proposition de loi sur l’usage contrôlée du cannabis. Je me félicite de cette initiative, étant l’auteure de cette proposition de loi. Cependant, le texte de cette pétition contient de nombreuses fautes d’orthographe. La pétition étant associée à mon nom, je reçois de nombreuses critiques et tout autant d’insultes à caractère racial.
Il apparaît urgent de contacter la personne à l’origine de cette pétition, ne serait-ce que pour corriger le texte en question. Merci de m’indiquer comment joindre cette personne au plus vite.
Voici le lien : https://secure.avaaz.org/fr/petition/Le_gourvenement_Une_loi/?kpjQeab
Vous en remerciant d’avance
Sujet: |
Re: Correction d’une pétition sur Avaaz |
Date : |
Mon, 2 Jun 2014 14:24:24 +0200 |
De : |
Marie Yared <marie@avaaz.org> |
Pour : |
BENBASSA Esther <e.benbassa@senat.fr> |
Copie à : |
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Bonjour Madame,
En effet cette campagne est bourrée de fautes, cela fait mauvais effet.
Je m’en occupe
Bien cordialement
Marie Yared
PS xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Ma demande de publication d’un droit de réponse adressée à la rédaction le 1er juin 2014
Dans son numéro daté du 29 mai 2014, Valeurs actuelles a cru devoir railler le texte d’une pétition en ligne s’exprimant en faveur d’une proposition de loi visant à une légalisation contrôlée du cannabis que j’ai déposée en janvier dernier.
Constatant que le texte de cette pétition contenait 14 fautes en 3 phrases, l’auteur de cet articulet a jugé opportun de me déclarer « fâchée avec l’orthographe ».
S’il s’était agi d’un journaliste digne de ce nom, il aurait procédé à quelques vérifications élémentaires, et il aurait vite découvert: 1) que je ne suis pas à l’origine de cette pétition; 2) que je ne connais pas celui qui l’a lancée, et 3) que je ne suis évidemment pas l’auteur du texte en cause (non plus d’ailleurs que mes collaborateurs).
L’objectif n’était manifestement pas d’informer les lecteurs, mais seulement de « se payer » une élue (écologiste en la circonstance). Le résultat ne s’est pas fait attendre: les réseaux sociaux ont immédiatement relayé la « nouvelle », laissant libre cours à un antiparlementarisme, et, au-delà, à une xénophobie pleinement assumés, se gaussant de cette élue de la République illettrée, et de cette ex-étrangère maltraitant « notre » langue (et qui n’aurait peut-être obtenu ses diplômes que par fraude).
Je rappelle à toutes fins utiles que je suis directrice d’études à l’École pratique des hautes études (Sorbonne) et l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages.
Conformément à l’usage et au droit, je vous demande de bien vouloir publier ce courriel comme droit de réponse dans votre prochaine livraison.
Esther Benbassa, sénatrice du Val-de-Marne, vice-présidente de la Commission des Lois, directrice d’études à l’EPHE (Sorbonne)
La réponse de M. Yves de Kerdrel, directeur général de Valmonde et Cie, datée du 2 juin 2014
Madame la Vice-présidente
J’ai reçu de manière indirecte votre courrier sollicitant un droit de réponse. Comme vous le savez sûrement le « droit de réponse » est strictement encadré par la loi et réservé à des cas très précis, parmi lesquels ne figurent pas « l’articulet » qui vous a déplu.
En revanche, il existe en France un bien très précieux, qui s’appelle la liberté d’expression et que la justice protège avec soin. C’est la raison pour laquelle je ne me vois pas autorisé à publier votre texte. Je m’y vois d’autant moins autorisé que votre texte accuse notre publication de xénophobie et d’antiparlementarisme et évoque de pseudo « dérives » auxquelles notre magazine se serait livré.
Sachez, Madame la Vice-présidente, que tous ceux qui ont tenté des actions en diffamation contre Valeurs Actuelles ont été déboutés par la justice ou contraints de se désister, comme votre collègue, Pierre Moscovici, il y a encore quelques jours. En revanche, je me réserve le droit de saisir la justice si, par écrit, ou sur internet, vous continuez à laisser croire que le journal que je dirige et qui a été créé il y a près de cinquante ans par le sénateur Raymond Bourgine, serait « xénophobe et antiparlementariste ».
Recevez, Madame la Vice-présidente, l’assurance de mes sentiments les plus exacts.
Yves de Kerdrel
Ma réponse à M. Yves de Kerdrel, directeur général de Valmonde et Cie, datée du 2 juin 2014
Monsieur le Directeur général,
J’observe avec intérêt qu’il est un point, central, que vous n’abordez pas : le fait que Valeurs actuelles a publié une information purement et simplement mensongère. Et votre refus, par principe, de la publication de tout droit de réponse, voire de tout rectificatif, en dit long sur la manière dont vous concevez votre travail.
L’invocation légitime de l’esprit des fondateurs aurait pu vous inciter à plus de modestie, ou, à tout le moins, à plus de rigueur déontologique. Etait-ce donc trop demander à un journaliste que de vérifier ses sources et de mener une enquête minimale ? Cela n’est pas si difficile : je suis sur le point d’identifier l’auteur du texte qu’on m’attribue, et je me suis, à cette fin, adressée aux administrateurs du site avaaz.org qui héberge sa pétition (voir ci-joint la copie de l’échange de courriels avec avaaz.org).
Mais Valeurs actuelles, si j’ai bien compris, désinforme, et revendique le droit à désinformer comme s’il s’agissait d’une simple déclinaison de la liberté d’expression. Une liberté d’expression qui ne vaudrait d’ailleurs que pour ce journal. Pas pour moi, en tout cas, puisque vous tentez de brider la mienne – naturellement en vain – en me menaçant de poursuites.
Valeurs actuelles, de même, n’a cure des effets de cette désinformation et paraît plaider, en creux du moins, l’irresponsabilité. Or ces effets sont patents, vérifiables sur les réseaux sociaux : la « nouvelle » publiée a bel et bien fourni à certains – j’en tiens les preuves à votre disposition – le prétexte pour exprimer sans réserve leur antiparlementarisme et leur xénophobie, et pour insinuer que je pourrais avoir acquis frauduleusement mes diplômes. Mais pouvez-vous concevoir que l’honneur d’une parlementaire et d’une universitaire vaut celui d’un journaliste ?
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur général, l’expression de mes salutations navrées.
Esther Benbassa