PARIS, 17 déc 2012 (AFP) – La sénatrice EELV Esther Benbassa a annoncé lundi, lors d’un point-presse du Syndicat des travailleurs du sexe (Strass), qu’elle allait présenter rapidement une proposition de loi visant à abroger le délit de racolage passif, après un premier texte retiré début novembre.
La sénatrice avait proposé un premier texte d’abrogation qui devait être débattu le 21 novembre, mais qu’elle avait dû retirer début novembre sous « pression » de la ministre du Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a-t-elle affirmé lundi.
Début novembre, Mme Benbassa avait indiqué qu’elle retirait la proposition de loi car la ministre souhaitait proposer un texte « plus large », « plus global », et qu’elle attendait un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas).
Selon Mme Benbassa, ce texte « plus large » aurait pour but de dépénaliser le racolage passif des prostituées mais de pénaliser leurs clients.
L’élue a prévu de réunir mardi « les féministes » de son groupe, afin de voter « une motion » visant à faire passer une loi abrogeant le délit de racolage passif « à l’ordre du jour de la prochaine niche parlementaire du groupe EELV.
« Si cette motion passe, je vous promets qu’en mars, on mettra à l’ordre du jour » l’abrogation du délit de racolage passif, a-t-elle dit.
Ce délit, instauré par la loi pour la sécurité intérieure du 18 mars 2003, punit de 3.750 euros d’amendes et de deux mois de prison le racolage passif.
Les prostituées et les associations qui les soutiennent dénoncent régulièrement cette loi qui a selon elles aggravé leur précarité sans faire reculer les réseaux de prostitution.
Dans une tribune publiée sur le site huffingtonpost.fr, Esther Benbassa interpelle la ministre: « il est urgent d’abroger le délit de racolage. Si vous ne le faites pas à temps, cette fois, nous ne vous attendrons pas ».
Lors de la conférence de presse, organisée pour la journée de lutte contre les violences faites aux travailleur(ses)s du sexe, le Strass a dénoncé les violences dont sont victimes les prostituées, notamment à cause du délit de racolage passif et les arrêtés municipaux « anti-prostitution », comme celui qui interdit par exemple le stationnement de camionnettes au Bois de Boulogne.
Les prostituées qui travaillent en camionnette pour éviter d’être poursuivies pour racolage, sont régulièrement verbalisées (parfois jusqu’au retrait de permis), a dénoncé Corinne, de l’association « Collectif 16″ qui représente les prostituées du Bois de Boulogne.
Deux prostituées chinoises indépendantes, cachées derrière des masques, ont également témoigné, via des interprètes, des nombreuses arrestations dont elles sont victimes, expliquant qu’elles n' »osaient plus sortir » de peur d’être placées en garde à vue pour 24H00, voire en centre de rétention.
« Il faut faire attention à ne pas être arrêtée par la police, et faire attention à ne pas être agressée par les clients », a expliqué A-Tao, qui affirme avoir été parfois arrêtée alors qu’elle ne racolait pas.
« Quand on fait ce travail sexuel, on a besoin d’avoir la protection des lois », a ajouté A-Hong, mais « aux yeux de la police, nous sommes des moins que rien ».
Dans un récent rapport, Médecins du Monde souligne que ces prostituées chinoises sont particulièrement exposées aux violences physiques et aux viols, mais que peu portent plainte par crainte des arrestations.
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Esther Benbassa
Sénatrice de Paris
Esther Benbassa
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