Une résolution adoptée au nom de la mémoire
24 octobre 2012
Le Sénat a voté le texte déposé par le groupe communiste, républicain et citoyen, qui souhaite que la France reconnaisse sa responsabilité dans les massacres du 17 octobre 1961.
La résolution avait été déposée en janvier par le groupe Communiste, républicain et citoyen (CRC). Elle a été adoptée hier par les sénateurs, en dépit des vociférations de la droite. Six jours après la déclaration de François Hollande brisant l’omerta officielle sur le massacre du 17 octobre 1961, la Haute Assemblée a exprimé solennellement son souhait que la France reconnaisse sa responsabilité dans cette tuerie engendrée par le colonialisme. 172 ont voté pour ; 168 contre, ce qui reflète le rapport de forces actuel au sein du Sénat. Lequel a également acté la proposition d’un lieu officiel à la mémoire des victimes, contenue dans le texte défendu par Pierre Laurent.
Ce dernier dit se réjouir que la résolution permette de « donner toute sa portée » à l’annonce du président de la République. Et estime qu’elle « doit être un engagement à ce que ce premier pas soit suivi des actes nécessaires à l’établissement définitif de la vérité et à la reconnaissance des crimes coloniaux, dont le 17 octobre 1961 constitue, avec d’autres, un épisode tragique ».
Cinquante et un ans après, le Sénat lève à son tour un pan du voile sur cette histoire qui concerne des millions de personnes d’ici et de là-bas, alors que « durant de nombreuses années, cet événement sera occulté, considéré de fait par différents gouvernements comme une page honteuse de notre histoire contemporaine », note la résolution.
La reconnaissance des faits doit, selon Pierre Laurent, « conduire à l’ouverture des archives sur le 17 octobre 1961 et au-delà à toutes les archives concernant les guerres coloniales et leur cortège de répression et de massacres ». Au nom du groupe Europe Écologie-les Verts, Esther Benbassa a demandé, « l’ouverture sans restriction des archives publiques encore disponibles ou qui n’ont pas été détruites ou expurgées, ainsi que la fin de l’octroi de dérogations au compte-gouttes ».
Pour plusieurs intervenants de gauche, la reconnaissance des faits et la création d’un lieu de souvenir peuvent permettre de renouer des liens d’une façon durable entre deux populations qui souffrent du non-dit. « Nous contribuerons à la dignité de la République. Nous apaiserons la douleur de toutes les victimes civiles et militaires, de celle de leurs familles pour redéfinir des relations saines avec le peuple et le gouvernement algériens », déclare ainsi Pierre Laurent. Le ministre en charge des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, a donné un avis favorable à la résolution du groupe CRC. Car, dit-il, c’est « la volonté de nous tourner vers un avenir partagé sans nous détourner du passé ».
Mina Kaci
Pour lire l’article sur le site de l’Humanité, cliquez ici.