Une loi d’affichage qui ne s’attaque pas au proxénétisme, et fragilise les personnes prostituées (CP EELV, 7 avril 2016)

L’assemblée nationale a voté mercredi 6 avril une proposition de loi « renforçant la lutte contre le système prostitutionnel ».

Après plus de deux ans de débats et de polémiques, et malgré l’opposition de nombreuses associations travaillant dans la santé publique et l’accompagnement des personnes prostituées, et celle du Sénat, les députés ont décidé de maintenir un article instaurant une pénalisation de tout acte d’achat de service sexuel.

Les parlementaires écologistes, au Sénat par la voix d’Esther Benbassa, et à l’Assemblée par celle de Sergio Coronado, ont dénoncé une mesure qui fragilise, marginalise encore davantage l’activité de prostitution et les personnes.

Le volet social d’accompagnement de sortie de la prostitution aurait pu être une aide pour les personnes prostituées.
Cependant, les conditions exigées, irréalistes et illusoires, pour accéder à l’accompagnement social et sanitaire, pour avoir accès à des titres de séjour dans le cas de personnes étrangères sans papiers transforment les belles déclarations en une simple politique d’affichage.

Nous considérons que la priorité doit être la lutte contre l’exploitation, le travail forcé et la traite des êtres humains et qu’elle ne doit pas être détournée ou instrumentalisée à d’autres fins. Et c’est une des faiblesses de ce texte qui ne se donne aucun moyen sérieux pour renforcer cette lutte.

Nous demandons enfin la suppression des arrêtés municipaux pénalisant la présence de prostitué-es sur la voie publique.

David Cormand, secrétaire national
Esther Benbassa, Sénatrice
Sergio Coronado, Député
Pierre Serne, délégué national thématique Genre, orientation sexuelle et société