Une réunion exceptionnelle s’est tenue mercredi 9 février dans l’établissement pénitentiaire du Val-de-Marne pour évoquer ces drames.
C’est d’abord un drame pour les familles des détenus. C’est aussi le révélateur de « manquements » dans la surveillance de l’établissement la nuit. Depuis la mi-janvier, deux prisonniers ont été retrouvés morts dans leur cellule à Fresnes (Val-de-Marne). Le dernier décès remonte à la nuit du vendredi 4 au samedi 5 février. Le corps sans vie de Sébastien L. a été découvert le samedi au petit matin. Le jeune homme s’est suicidé.
Quelques semaines plus tôt, le 11 janvier, un homme de 28 ans avait lui aussi été retrouvé mort dans sa cellule. Une enquête est toujours en cours pour déterminer les circonstances du drame. La sénatrice Esther Benbassa (EELV) s’était rendue sur place pour essayer d’en savoir plus. Le directeur de la prison avait alors précisé que la piste du suicide était exclue. La thèse d’une mort naturelle est toujours privilégiée.
Les corps retrouvés le matin
Outre, évidemment, les décès en eux-mêmes, c’est l’heure tardive de la découverte des corps qui a posé problème. À tel point que le directeur de l’établissement pénitentiaire a convoqué ce mercredi soir une grande partie de ses agents pour « remettre les pendules à l’heure », souffle une source pénitentiaire. Car pour les deux affaires, à aucun moment les surveillants de nuit ne se sont rendu compte de quoique ce soit. Le suicide de Sébastien L. n’a été constaté qu’à 7 heures au moment de « l’ouverture », quand l’appel est fait.
Pendant la nuit, les fonctionnaires doivent vérifier par l’œilleton qu’il n’y a pas de problème. « Si le détenu est couché, c’est difficile de savoir s’il dort ou s’il est mort », explique un surveillant. Et si l’œilleton est bouché, l’agent pénitentiaire, qui n’a pas les clés, doit prévenir son gradé pour qu’il ouvre la porte. Le problème, en l’occurrence, c’est que l’œilleton était fermé à l’ouverture des portes. En clair, soit le fonctionnaire n’a pas prévenu son chef qu’il ne pouvait rien voir, soit, tout simplement, il n’a pas fait sa ronde.
Punir « sévèrement »
L’affaire de janvier est encore plus problématique. Car le détenu, souffrant de problèmes psychiatriques, devait faire l’objet d’une surveillance accrue. Près d’un mois avant la découverte du cadavre, le directeur avait précisément écrit une note réclamant une « gestion sécurisée » de ce prisonnier. Et cette fois, non seulement, rien n’avait été remarqué pendant la nuit mais aussi lors de l’ouverture des portes. Le corps avait été retrouvé à… 11 heures.
« Malgré des rappels successifs, des manquements dans l’organisation des rondes persistent », fulminait le directeur, dans un message adressé lundi 7 février à ses fonctionnaires. Et de prévenir que ces manquements seraient dorénavant « sévèrement réprimés ». Le haut fonctionnaire ne s’est pas contenté pas d’une menace. Il a obligé les surveillants de nuit à rester à leur poste jusqu’à la fin du pointage quotidien réalisé chaque matin par l’équipe de jour.
Et ça, cela n’est pas bien passé car cela oblige les agents de nuit à rester une heure de plus au travail. « Pourquoi devrions-nous tous payer pour quelques mauvais agents qui font mal leur travail ? » peinait à comprendre un surveillant. Le syndicat FO pénitentiaire a estimé de son côté que « les décès survenus récemment ne devaient pas impacter de manière pérenne le temps de travail, notamment quand on sait que le travail de nuit est pénible et difficile ».
Lors de la réunion de ce mercredi soir, un terrain d’entente a finalement été trouvé. « Le message a bien été reçu sur les rondes de nuit, glisse un surveillant. La direction a, de son côté, laissé les collègues partir à l’heure normale. »