28 décembre 2020 | Le Monde
Des membres de La République en marche s’indignent du déjeuner qui a réuni Bruno Roger-Petit et Marion Maréchal, tandis qu’à gauche on ironise sur la porosité d’un gouvernement se voulant « rempart » à l’extrême droite.
Un proche conseiller d’Emmanuel Macron déjeunant avec Marion Maréchal, espoir de l’extrême droite française, il y a quelques mois à peine ? Aussitôt la nouvelle publiée sur Lemonde.fr, dimanche, elle a suscité le trouble, voire l’indignation dans les rangs de la majorité et au-delà. Si, à gauche, certains réclament déjà le départ de Bruno Roger-Petit pour cet entretien vu comme contraire aux principes républicains, l’Elysée, pour l’heure, garde le silence. A droite, où des rapprochements avec la directrice de l’Institut de sciences sociales, économiques et politiques ont déjà fait polémique, les réactions sont plus mesurées.Article réservé à nos abonnés Lire aussi Un conseiller d’Emmanuel Macron a déjeuné secrètement avec Marion Maréchal en octobre à Paris
Dans la majorité, c’est une marcheuse de la première heure qui a d’abord fustigé ce rendez-vous. « Il y a des gens qu’on ne “sonde” pas “à titre personnel”, on les combat à titre collectif. Marion Maréchal et toute sa clique en font clairement partie », a tranché dans un Tweet Astrid Panosyan, cofondatrice et trésorière d’En marche ! « Incompréhensible, ce déjeuner. Une faute ! », abonde l’ex-sénatrice Bariza Khiari, membre de la direction de La République en marche (LRM).
Le vice-président LRM de l’Assemblée nationale, Hugues Renson, s’est pour sa part fendu d’un rappel : « Avec l’extrême droite, on ne discute pas, on ne transige pas. On la combat. » Un message partagé par le député LRM du Cher François Cormier-Bouligeon qui a listé, à l’intention du conseiller mémoire Bruno Roger-Petit, quelques noms-clés « pour aider à se souvenir de ce qu’est l’extrême droite française : Le Pen père, fille, nièce, Tixier-Vignancour, Pétain, Laval, Maurras, Barrès, Déroulède ». Le député LRM de la Loire Jean-Michel Mis déplore pour sa part une « faute », estime qu’« il n’y a rien que l’on fasse “à titre personnel” quand on a la chance de détenir une fonction éminente dans le premier cercle du pouvoir ».
« Raté. Tout le monde le sait »
Dans l’opposition de gauche, le député La France insoumise Alexis Corbière a ironisé : « Le macronisme, face à l’extrême droite, un rempart ? Non, un rencard… », tandis que sa collègue Clémentine Autain ajoutait : « Un rempart ? Plutôt une passoire. » Dans les rangs du Parti socialiste, l’ancienne ministre de la culture Aurélie Filippetti juge que si Bruno Roger-Petit n’est pas limogé séance tenante, « c’est que le prétendu “nouveau” monde est en train de basculer vers du très très rance ». Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris, raille pour sa part : « Maurras et Petain n’étaient pas dispo… » « Macron s’invite chez l’extrême droite soi-disant discrètement. Raté. Tout le monde le sait », lance quant à elle la sénatrice Europe Ecologie-Les Verts Esther Benbassa.
A droite, où un déjeuner réunissant des élus Les Républicains et la nièce de Jean-Marie Le Pen avait fait couler beaucoup d’encre à l’été 2019, les réactions sont plus éparses. Bruno Roger-Petit lui-même a d’ailleurs justifié le rendez-vous en le comparant à celui organisé entre le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, et le polémiste Eric Zemmour. L’élue parisienne Marie-Claire Carrère-Gée estime qu’« un président de la République ne devrait pas faire ça », avant d’ajouter : « Mais quand votre devise est “en même temps”, tout devient possible. » Une critique qui n’est pas partagée par tous. Ainsi, le député Les Républicains du Vaucluse Julien Aubert, lui-même sur une ligne droitière, s’étonne : « La police des dîners en ville est de retour ? On déjeune avec qui on veut ! »
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