Tribune. Le 19 juillet, le Parlement israélien adoptait la loi définissant Israël comme Etat-nation du peuple juif. Cette loi est le concentré, l’aboutissement, de la politique de la droite et de l’extrême droite israélienne. En une douzaine de points : elle affirme la prédominance ethnique juive en Israël ; elle encourage la colonisation juive, présentée comme valeur nationale, et confirme l’annexion de Jérusalem déclarée unilatéralement capitale d’Israël ; elle précise explicitement que le peuple juif est le seul à exercer le droit à l’autodétermination en Israël sans en préciser les frontières ; elle retire même à la langue arabe le statut de langue officielle, désormais réservé exclusivement à la langue hébraïque…

Ainsi le postulat d’une inégalité fondamentale, inscrite dans le droit et pas seulement dans les faits, est établi entre les citoyens d’un même pays, d’un côté les citoyens juifs ou d’origine juive et de l’autre côté les citoyens arabes et non juifs qui deviendraient juridiquement des citoyens de seconde catégorie.

C’est dire que cette loi renie ouvertement la promesse de la Déclaration d’indépendance du 14 mai 1948 selon laquelle le nouvel Etat «assurera une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe». Contrairement à la loi fondamentale de 1992 «sur la dignité de l’homme et sa liberté», elle ne fait plus aucune référence ni à la démocratie ni à l’égalité.

Autant de violations des fondements d’un Etat démocratique et autant de violations du droit international.

De nombreuses personnalités, juives et non-juives, se sont élevées contre cette loi. Le président du Congrès juif mondial a fermement critiqué la politique poursuivie par le gouvernement israélien, les lois récemment adoptées et spécifiquement cette loi Etat-nation.

En Israël, des manifestations importantes, regroupant des dizaines de milliers d’Israéliens, de toutes origines et de toutes confessions, ont eu lieu à plusieurs reprises contre cette loi qui institue une discrimination entre les citoyens.

Nous appelons à se tenir aux côtés des progressistes israéliens – sans distinction d’origine ethnique – pour exiger : l’abolition de cette loi inique ; l’égalité de droit de tous les citoyens israéliens ; et que cessent les atteintes de plus en plus graves aux libertés démocratiques et aux droits humains.

Premiers signataires :

Robert Kissous, économiste;Gilles Manceron, historien;Bernard Ravenel, historien; Michel Tubiana, avocat;Dominique Vidal, journaliste et historien; Wadih Al-Asmar, président du réseau Euromed droits; Gadi Algazi, historien, Tel-Aviv; Arié Alimi, avocat; Tauba Alman, membre du Bureau de l’UJRE (Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide)Jean-Christophe Attias, universitaire; Bertrand Badie, professeur émérite; Esther Benbassa, directrice de recherches; Pierre Barbancey, grand reporter; Françoise Basch, professeure émérite; Patrick Baudouin, président d’honneur de la FIDH; Sophie Bessis, historienne; Bernard Bloch, écrivain, metteur en scène et comédien; Rony Brauman, ex-président de MSF, enseignant, essayiste; Barbara Cassin, philosophe; Monique Cerisier ben Guiga, sénatrice honoraire; Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des universités; Denis Charbit, universitaire (Israël); Monique Chemillier-Gendreau, professeure émérite de droit public et science politique; Alice Cherki, psychiatre et essayiste; Dimitris Christopoulos, président de la FIDH; Martine Cohen, sociologue émérite au CNRS; Sylvain Cypel, journaliste; Michel Dreyfus, historien; Jean-Pierre Dubois, professeur d’université; Françoise Dumont, présidente d’honneur de la LDH; Dominique Eddé, écrivaine; Bernard Frederick, journaliste, rédacteur en chef de la Presse nouvelle magazine (PNM); Jean Giard, ancien député; Mohammed Harbi, historien; Christiane HesselMarcel Hipszman, retraité; Eva Illouz, directrice d’études EHESS; Kamel Jendoubi, ancien ministre, ancien président d’Euromed droits; Daniel Kupferstein, réalisateur; Patrick Le Hyaric, directeur de l’HumanitéHenri Leclerc, avocat; Pascal Lederer, co-animateur d’Une autre voix juive; Catherine Lévy, sociologue du travail; Jacques Lewkowicz, président de l’UJRE; Danièle Lochak, universitaire; Michael Löwy, directeur de recherches émérite; Gérad Maarek, urbaniste retraité; Gustave Massiah, ingénieur et économiste; Fabienne Messica, sociologue; Jean-Luc Nancy, professeur émérite; Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue; Gilles Perrault, écrivain; Catherine Sackur, écrivaine; Jean Louis Sackur, metteur en scène; Marc Sackur, retraité de l’Education nationale; Malik Salemkour, président de la LDH; Abraham Ségal, cinéaste documentariste  Denis Sieffert, journaliste; Bernard Stiegler, philosophe; Pierre Tartakowsky, président d’honneur de la LDH; Jacques Testart, biologiste et essayiste; Enzo Traverso, historien; Robert Zimmerman, éditeur.