28 décembre 2020 | Public Sénat
La campagne de vaccination a démarré hier à Sevran (Seine-Saint-Denis) et à Dijon (Côte-d’Or). Alors qu’un troisième confinement n’est plus à exclure, selon le ministre de la Santé, l’arrivée du vaccin concentre beaucoup d’espoirs mais aussi d’interrogations.
Le lancement de la campagne de vaccination a débuté dimanche 27 décembre. Une lueur d’espoir alors que l’épidémie reste virulente et qu’un troisième confinement pourrait advenir, selon le ministre des Solidarités et de la Santé. Olivier Véran précisait hier, dans les colonnes du JDD, que la circulation du virus restait importante avec « 15 000 contaminations détectées par jour en moyenne, alors qu’on était descendu à 11 000 ».
Par ailleurs, les rassemblements familiaux pour les fêtes font craindre aux autorités un regain de l’épidémie en janvier. Pour contrer l’avancée de l’épidémie, la campagne de vaccination menée dans les pays de l’Union européenne représente donc un levier important.
C’est en Seine-Saint-Denis et en Côte d’Or qu’ont eu lieu les premières vaccinations, dans des établissements accueillant des personnes âgées. Autorisé le 24 décembre par la Haute autorité de santé (HAS), le vaccin contre la Covid-19 développé par Pfizer et BioNTech sera prioritairement administré aux publics les plus vulnérables et exposées.
Comment se déroulera la campagne de vaccination ?
La campagne de vaccination doit se dérouler en cinq phases jusqu’à la fin du printemps 2021. Contrairement à la France, l’Italie a fait le choix de prioriser les médecins et les soignants avant les résidents de structures pour personnes âgées. En France, ce seront d’abord les personnes résidantes en Ehpad et en maisons de retraite qui bénéficieront du vaccin, les personnels de ces établissements pourront se faire vacciner s’ils présentent des facteurs de risques : être âgé de plus de 65 ans ou avoir des risques de comorbidités.
Jusqu’au printemps, les vaccins s’étendront progressivement aux personnes en fonction de leur âge mais aussi de leur exposition au virus. Ainsi, entre mars et février la campagne visera les personnes âgées de plus de 75 ans vivant à domicile, puis les personnes âgées de 65 à 74 ans. Les professionnels des secteurs de la santé et du médico-social âgés de 50 ans et plus et ceux présentant des comorbidités. C’est finalement entre avril et juin que la campagne de vaccination s’adressera au grand public.
Mais, déjà, des personnalités s’interrogent quant aux capacités de vaccination. Sur Twitter, la sénatrice écologiste de Paris, Esther Benbassa, s’étonne que seules vingt personnes aient été vaccinées hier. « À ce rythme on passera l’hiver et le printemps en compagnie de la Covid-19 […] On attend les 200 millions de vaccins en pré-achat évoqués par le gouvernement. Espérons qu’on ne nous rejouera pas le sketch des masques », espère la sénatrice.
Le 16 décembre, le Premier ministre annonçait effectivement la pré-commande par la France de 200 millions de vaccins pour 100 millions de personnes, « 1,160 million de vaccins seront sur le territoire d’ici à la fin de l’année, puis 677 000 doses supplémentaires autour du 5 ou 6 janvier et 1,6 million en février », détaillait Jean Castex.
Le vaccin sera-t-il obligatoire ?
Non. Le libre choix des patients est présenté comme l’un des trois grands principes de la stratégie vaccinale. La semaine dernière un projet de loi rendant possible la restriction de déplacement pour les personnes non vaccinées a été retiré aussi sec après une levée de boucliers de l’opposition. Ce texte instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires ne devrait revenir sur le bureau des parlementaires qu’après la crise.
La mise en place d’un passeport sanitaire lié au vaccin reste cependant promue par certains politiques comme François Bayrou, président du MoDem et Haut-commissaire au Plan. Ce dernier s’est déclaré favorable, ce dimanche sur LCI, à l’idée d’un passeport sanitaire, qui conditionnerait l’accès de certains lieux à la vaccination contre la Covid-19.
Qu’en est-il de l’efficacité et des risques ?
L’arrivée de ce vaccin a suscité nombre d’inquiétudes et d’interrogations notamment quant à la vitesse à laquelle il a été produit. Les différents sondages réalisés ces dernières semaines témoignent même d’une forte réticence dans la société française à se faire vacciner.
Il est vrai que les vaccins mettaient en moyenne dix ans à être produit mais une conjonction de facteurs a considérablement accéléré la mise sur pied de celui contre la Covid-19. Les progrès scientifiques d’une part mais aussi la mobilisation au niveau mondial de chercheurs, de citoyens, de responsables politiques et d’industriels.
Concernant les effets indésirables, ils resteraient bénins selon l’Agence européenne des médicaments (AEM) et la Haute Autorité de santé (HAS) qui ont toutes deux autorisé sa mise sur le marché. Aux Etats-Unis où près de 2 millions de personnes ont déjà été vaccinées, des cas marginaux d’allergie au vaccin ont été déclarés.
Ce point nécessite encore des recherches. Dans Le Monde, le vice-président de la Commission technique des vaccinations à la HAS estime que « l’orthodoxie veut que l’on écarte les personnes présentant une allergie connue à un des composants du vaccin. Faut-il aller plus loin et ne pas vacciner tous les allergiques graves ? Il va falloir en discuter ».
En France, un suivi semaine après semaine sera mis en place avec la publication hebdomadaire d’un rapport sur les effets indésirables signalés.
Selon la Food and Drug Administration (l’autorité sanitaire américaine) le vaccin offre une protection quasiment totale dix jours après la première injection. En revanche, la durée de l’immunité apportée par le vaccin est inconnue à ce stade.
Le vaccin est-il adapté à la nouvelle variante du coronavirus ?
Le variant du SARS-CoV-2 observé pour la première fois au Royaume-Uni, a également été détecté en France, le 25 décembre. Ce nouveau variant du virus serait « 50 % à 74 % » plus contagieux que les souches en circulation, selon une première étude.
« Pour le moment, il n’existe aucune preuve suggérant que ce vaccin ne soit pas efficace contre le nouveau variant », assurait ce lundi Emer Cooke, la directrice générale de l’Agence européenne des médicaments (EMA).
Pour la virologue Anne Godard, interrogée sur France inter, « les vaccins Pfizer et Moderna, qui utilisent l’ARN messager, ont pour effet de faire fabriquer à notre organisme l’ensemble de la protéine Spike, on va donc fabriquer des anticorps qui ciblent toute la protéine. Ça veut dire que même s’il y a une mutation à un endroit de la protéine (comme dans le variant britannique), globalement, le vaccin reste efficace ».
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