Terrorisme, les enseignements de l’affaire Merah (« La Croix », 28 septembre 2017)

Le procès du frère de Mohamed Merah et de l’homme qui lui a fourni des armes s’ouvrira lundi devant la cour d’assises terroriste de Paris.

En 2012, ces crimes ont marqué la résurgence du terrorisme en France, annonçant le phénomène djihadiste actuel.

Les premiers mots de l’ordonnance de mise en accusation sont catégoriques : les crimes de Mohamed Merah, commis en 2012 à Toulouse et Montauban, ont marqué « tout à la fois une résurgence de la menace terroriste sur le territoire français (…), mais également le passage à un profil terroriste nouveau, moins facilement détectable et effaçant les frontières entre délinquance et islamisme radical ».

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Mais à trop simplifier les débats, comme s’il ne devait y avoir qu’une explication, exclusive et définitive – religieuse, sociologique ou psychologique –, au djihadisme, la compréhension patine. « On a une vision trop franco-française du problème, déplore Jean-Pierre Filiu. Il y a des raisons locales, mais il n’y a pas de terrorisme sans incubateur extérieur. Ce n’est d’ailleurs pas la France qui est visée, mais toute l’Europe. L’attaque de Barcelone, est-ce à cause de la laïcité, de l’intégration républicaine, de la banlieue ? » Pour lui, « toutes les expertises sont nécessaires pour comprendre ce phénomène complexe. Non seulement on peut élever le débat, mais les Français nous le demandent. »

D’ailleurs, en 2016, « il y a eu une exaspération devant les duels d’ego, relève Yves Trotignon. On a dénoncé les “faux experts”, on a démasqué des impostures ». Sur la radicalisation comme sur le terrorisme, deux rapports parlementaires majeurs ont permis de faire avancer la connaissance de ces phénomènes. « La commission Fenech-Pietrasanta sur les attentats de 2015 a fait un travail énorme, donnant accès à toutes les auditions, qui sont passionnantes », constate Yves Trotignon. Il cite aussi la commission sénatoriale Benbassa sur les errements de la politique de « déradicalisation ».

« Aujourd’hui, on peut dire que la connaissance du phénomène djihadiste a très nettement progressé dans les services, la magistrature, l’opinion publique », assure Jean-Pierre Filiu. « Chacun a compris qu’il y a plusieurs types de menaces, situées à l’extérieur, revenant de l’étranger, ou émanant de résidents “inspirés”,liste Philippe Hayez. On ne se borne plus à surveiller juste les frontières, les mosquées, Internet ou les prisons. Il faut retrouver une vision plus globale de la prévention. »

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