Techno et effluves à Paris lors d’une marche pour la dépénalisation du cannabis (AFP, 14 mai 2016)

« Paris, France | AFP | samedi 14/05/2016 – 14:27 GMT | 529 mots

Dansant sur des airs de techno au milieu d’effluves de cannabis, près d’un millier de personnes ont défilé samedi après-midi à Paris pour la dépénalisation de cette drogue.

Cette « Marche mondiale du cannabis », organisée pour la 15e année, s’est déroulée dans la capitale une semaine après des rassemblements dans plusieurs villes de France (Marseille, Strasbourg, Lyon, Chartres, Poitiers…). Elle a réuni samedi 900 personnes, a-t-on indiqué de source policière.

« Notre message n’est pas d’inciter les gens à consommer », a répété Farid Ghéhiouèche, fondateur de l’association Cannabis sans frontières, mais de réclamer la « dépénalisation de l’usage » et la « prévention sans stigmatisation ».

Parmi les revendications figurent aussi l’accès des malades au cannabis thérapeutique et le droit de produire ses propres plants.

Parti de la place de la Bastille, le cortège a rejoint dans l’après-midi, au nom de « la convergence des luttes », la place de la République occupée le soir depuis deux mois et demi par Nuit debout.

La marche était soutenue par le Parti radical de gauche (PRG).

« Un monde sans drogue est utopique », a estimé Géraldine Guilpain, présidente des Jeunes radicaux de gauche, lors d’une conférence de presse vendredi. « Il faut laisser les gens avoir une consommation raisonnée ».

Selon Olivier Bertrand, médecin généraliste spécialisé en addictologie et membre de l’association Chanvre & libertés, « l’interdit ne dissuade pas les jeunes, au contraire, quand on est un jeune cet interdit on a envie de le braver ».

Dans la foule samedi beaucoup de jeunes étaient en effet présents, comme Becaye, 31 ans. S’il manifeste, c’est aussi pour avoir « accès à un produit d’une certaine qualité » et « ne plus tomber sur n’importe quoi ».

Il y avait aussi des malades, parfois gravement affectés, comme Lyly, atteinte de myopathie depuis un an et demi: « j’ai des traitements lourds, pas forcément efficaces. J’ai essayé de faire une infusion d’herbe et tout de suite mes muscles se sont détendus. Depuis j’en prends quatre jours par semaine et je milite pour me soulager ». Pour éviter d’avoir un produit « coupé », elle se fournit chez un ami, malade également, qui fait pousser des plants.

« La dépénalisation, ce n’est pas pour que tout le monde consomme mais pour contrôler la production, la diffusion, la vente », justifie Esther Benbassa, également présente. La sénatrice EELV avait défendu une proposition de loi destinée à autoriser l’usage et la vente « contrôlés » du cannabis. « On ne peut pas continuer comme ça, on est un des pays où la répression est la plus forte et la consommation continue à augmenter ».

En France, en 2014, 17 millions de personnes déclaraient avoir déjà pris du cannabis dans leur vie et 700.000 en consommaient quotidiennement, selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies.

Le cannabis est prohibé depuis 1970, avec au maximum un an de prison et 3.750 euros d’amende. Dans la pratique, si l’emprisonnement pour usage est exceptionnel, les amendes perdurent.

Il y a un mois, le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, avait relancé le débat en se prononçant contre la « prohibition », soulevant une vague de critiques. Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll avait répondu qu’il n’y avait « aucune piste ni de travail, ni de réflexion » sur la question d’une légalisation du cannabis.

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