Statistiques ethniques: le débat est relancé (Challenges, 6 mai 2015)

« Des statistiques ethniques pour lutter contre les discriminations

Faut-il aller plus loin, avec des études plus nombreuses basées sur l’origine? Certains le pensent, notamment la sénatrice écologiste Esther Benbassa, corédactrice avec l’UMP Jean-Pierre Lecerf d’un rapport sur ce thème. Pour apaiser les tensions sur ce sujet sensible à droite comme à gauche, les deux sénateurs avaient renoncé à préconiser l’autorisation explicite des statistiques ethniques et suggéré plus modestement de poser « une fois tous les cinq ans, dans le recensement, une question sur le pays de naissance des ascendants et la nationalité antérieure ». Un moyen, selon eux, d’obtenir « des résultats mesurables sur l’ampleur des discriminations ».

Une « politique de l’autruche »

Réagissant aux provocations de Robert Ménard, Esther Benbassa a enfoncé le clou : « Quoi qu’on en dise, nous sommes dans un pays multiculturel. C’est quoi cette hypocrisie sur les statistiques ethniques ? Ce n’est pas pour ça que je vais soutenir le fichier sauvage de M. Ménard, qui est stigmatisant ». Selon le Conseil représentatif des associations noires, la France refuse la mise en place d' »indicateurs ethniques » pour « des raisons culturelles qui n’ont rien à voir avec le droit ». Et il dénonce une « politique de l’autruche ». Mais Christine Lazerges, présidente de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, confirme que cette instance est « toujours hostile » aux statistiques ethniques. Elle considère toutefois « que le sujet est à retravailler car on ne doit pas se priver d’outils de recherche pour comprendre comment évolue la société ». Elle n’en prend pas moins le soin de se démarquer des déclarations de Robert Ménard qui ne peuvent que polluer un débat déjà difficile : « Robert Ménard ne fait pas de la recherche sociologique ; il compte ses voix ».

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