Retour sur les événements de la semaine (AFP, 28 mars 2018)

Ce qu’écrivent les éditorialistes en ce jeudi 28 mars :

ARNAUD BELTRAME : AUTHENTIQUE HEROS

Libération (Laurent Joffrin)

« (…)Rien dans le règlement de l’armée n’obligeait cet authentique héros à se sacrifier de la sorte. Il l’a fait pour venir en aide à d’autres citoyens, par solidarité humaine. On oublie toujours le troisième terme de la devise gravée au fronton des bâtiments public : la fraternité.(…)L’itinéraire du cortège qui suivra le cercueil d’Arnaud Beltrame traduit cet esprit d’unanimité fraternelle : il arrivera aux Invalides, saint des saints de l’esprit militaire. Mais il part du Panthéon, temple du républicanisme. »

La Croix (Guillaume Goubert)

« (…) L’officier de gendarmerie a trouvé la mort en combattant le terrorisme. Ce combat, il l’a mené désarmé, sans violence. Il a voulu sauver la vie d’une otage et tenter d’arrêter là un bain de sang. Nul ne peut dire quelle part a eu sa foi chrétienne à l’instant où il a pris sa décision. Mais il laisse cet extraordinaire témoignage d’un homme prêt à donner sa vie afin de combattre la mort. »

Ouest-France (Jeanne Emmanuelle Hutin)

« (…) L’infinie générosité de son geste élève les regards et les cœurs. Rien ne forçait ce gendarme à se porter désarmé au-devant du danger. Ni à se livrer jusqu’au sacrifice de sa vie, bien au-delà de sa mission de soldat. Son acte était réfléchi.(…) »

La Presse de la Manche (Jean Levallois)

« (…) Le silence, le respect et la gratitude doivent être au rendez-vous. D’autant que l’acte posé, en conscience, par le gendarme de l’Aude est de ceux qui ne permettent pas les mesquineries ou les embrouilles. C’est donc l’occasion, pour notre pays et pour nous tous, de nous ressourcer aux valeurs les plus hautes, d’en retrouver le chemin et de les réintroduire dans nos rapports citoyens, avec la solidarité qui s’en alimente.(…) »

L’Union (Hervé Chabaud)

« (…) l’hommage de la Nation au colonel Arnaud Beltrame s’inscrit dans les pas de la marche du temps où la France blessée, peinée, mais redressée et digne, salue l’un de ses fils glorieux. Le symbole est puissant tandis que le message attendu dépasse l’éloge, parce qu’il témoigne d’abord dans le recueillement, la fierté de chacun et de la République d’avoir en son sein de tels serviteurs.(…) »

MACRON FACE AU TERRORISME

Les Echos (Cécile Cornudet)

« (…) Fuyant la seule approche sécuritaire, Emmanuel Macron veut répondre aux « causes profondes » du terrorisme, dit-il, en agissant sur le renseignement, l’école, la politique des quartiers, la laïcité et la place de l’islam dans la République. Est-ce terriblement ambitieux ou bien terriblement « naïf » ? L’éloge qu’Emmanuel Macron prononcera aux Invalides donnera un premier aperçu de ce qu’est cet « autrement » présidentiel ».

L’Opinion (Nicolas Beytout)

« (…)Dans ce moment particulier, les mots prononcés par Emmanuel Macron devront être assez forts pour, si ce n’est recréer l’union, éviter que ne se creuse davantage la désunion, objectif numéro un de ceux qui nous font la guerre. »

Le Figaro (Guillaume Tabard)

« (…) Les invalides siéent aux présidents surtout parce qu’elles leur inspirent les mots qui élèvent et savent exprimer le meilleur de la France et de son peuple, dans une parenthèse rare, donc précieuse, dans une actualité qu’ils parviennent à transcender pour se mesurer à l’histoire ».

Est Républicain (Philippe Marcacci)

« (…) pour Emmanuel Macron, dans le deuil et l’émotion, incarner la Nation. Un peu comme le fit avec majesté, dans un quinquennat pourtant peu reluisant, François Hollande. Le chef de l’État devra ensuite préciser sa doctrine sur le terrorisme et l’ensemble des sujets régaliens que celui-ci impacte. Le chantier est vaste, le combat de longue haleine. Et l’actualité jette plus souvent à la Une ses échecs que ses succès. Aucun droit n’est laissé à l’erreur. En deux rafales, le drame de l’Aude a ainsi balayé les 51 attentats déjoués depuis 2015. Une autre figure inversée. »

FRANCAIS FACE AU TERRORISME

Courrier picard (Bertrand Meinnel)

« (…) Jusque maintenant, les Français ont su montrer, dans leur grande majorité, leur maturité citoyenne et ne pas tomber à l’excès dans les analyses sommaires et la détestation sur fond de religion souhaitée par les terroristes. Au-delà d’une colère sourde, cela reste notre victoire, comme celle d’Arnaud Beltarme, bien plus efficace que les bombardements sur les jihadistes en Syrie et ailleurs(…) ».

L’Est Eclair (Jean-François Laville)

« (…) Si l’action est primordiale, les mots pèsent. Il serait temps qu’une réflexion de fond prenne le pas sur les petites phrases politiciennes. La communauté nationale, dans son ensemble, aurait à y gagner. Il est toujours permis d’espérer… »

LOUP SOLITAIRE

La Voix du Nord (Hervé Favre)

« (…) Avec l’assassin de Trèbes, on revient d’ailleurs au profil du « loup solitaire » encore plus difficile à repérer. Qu’il faille resserrer la surveillance de ces individus potentiellement dangereux, c’est une évidence, mais sauf à basculer dans un autre type de régime, on ne peut pas mettre en prison quelqu’un « sur la base de simples soupçons », comme l’a rappelé hier Édouard Philippe à ses conseilleurs ».

MATERNELLE A 3 ANS: SYMBOLIQUE SANS MOYENS

Nice-Matin (Denis Carreaux)

« (…) Obliger les enfants à intégrer l’école dès trois ans est une chose. Les mettre en situation de faire leurs premiers pas dans le système scolaire dans les meilleures conditions en est une autre. Pendant qu’en Suède, un enseignant s’occupe de six élèves, son homologue français en encadre vingt-deux. La com’ et les symboles ne font pas tout. Même à la maternelle. »

L’Alsace (Laurent Bodin)

« (…) À peu de frais, Emmanuel Macron inscrit sa trace dans les pas de Jules Ferry et du général de Gaulle. Le premier avait rendu l’instruction obligatoire de 6 à 14 ans ; le second portant l’âge minimum à 16 ans. Le président de la République va plus loin et avance l’obligation d’instruction de 6 à 3 ans. Parce que cela ne concerne qu’environ 26 000 enfants, soit 2,4 % d’une classe d’âge, la mesure est avant tout symbolique.(…) »

Journal de la Haute-Marne (Christophe Bonnefoy)

« (…) Autrement dit, si elle met en face de cet abaissement de l’âge les effectifs qui vont avec. Petit espoir : le chef de l’Etat a annoncé la création d’environ 800 postes. Suffisant ? Il va falloir sortir la calculette. Dès la maternelle. »

La Montagne Centre France (Bernard Stéphan)

« (…) Les maternelles françaises ont bonne réputation. Une réforme oui, mais attention aux belles idées qui pour être efficientes ont besoin de beaucoup de moyens. »

Midi Libre (Eric Marty)

« (…) Le projet est beau, encore faut-il pouvoir le mettre en œuvre sereinement. Abaisser l’âge de la scolarisation va dans ce sens. Tout comme réduire le nombre d’enfants par classes pour que chacun puisse progresser à son rythme, augmenter le taux d’encadrement, améliorer les équipements. Autant de questions encore posées dès la décision prise mardi par Emmanuel Macron. Les mesures concrètes d’accompagnement des professeurs d’école sont espérées. Pour ne pas dire attendues depuis bien longtemps. »

ANTISEMITISME ET MARCHE BLANCHE

L’Humanité (Patrick Apel-Muller)

« (…) Les réactions de la plupart des personnalités qui se sont exprimées hier ont été à la hauteur. Mais fallait-il que le Crif se livre à une basse opération en assimilant à de l’antisémitisme les campagnes de boycott d’Israël pour protester contre l’occupation des territoires palestiniens ? Cette confusion volontaire affaiblit tous ceux qui, comme notre journal, sont au premier rang de la lutte contre le racisme, l’antisémitisme. Choisissons l’addition plutôt que les mauvais calculs. »

Républicain Lorrain (Bernard Maillard)

« (…) L’union nationale attendue cet après-midi à la marche blanche en mémoire de Mireille Knoll ne doit pas être qu’un beau moment de fraternité républicaine. Il est vital, pour la cohésion du pays, qu’elle marque le départ d’une reconquête durable de notre idéal démocratique et laïque. »

La Nouvelle République du Centre-Ouest (Denis Daumin)

« (…) Dans l’assassinat crapuleux de Mireille Knoll, mélange rudimentaire d’antisémitisme immémorial et de djihadisme improvisé, c’est aussi cela qui ressurgit. Ce qu’ Esther Benbassa historienne de la judéité appelle la déshumanisation de l’autre par le cliché, pour mieux le néantiser. Mireille Knoll qui avait 85 ans avait échappé à la Shoah. Elle est morte carbonisée, parce qu’elle était juive et que l’on tentait de lui extorquer l’argent qu’elle n’avait pas. C’est à désespérer. »

La République des Pyrénées (Jean-Michel Helvig)

« (…) La Justice a cru devoir rattraper sa coupable hésitation à qualifier d’antisémite l’agression contre Sarah Halimi, en n’hésitant pas cette fois à avancer cette imputation pour Murielle Knoll, alors que l’enquête est à ses débuts. Une Justice qui paraît vouloir cultiver la prudence dans le souci de ne pas envenimer les rapports entre communautés, mais aussi qui semble ne pas vouloir non plus utiliser tous les moyens juridiques qui sont à sa disposition pour abattre  « la bête immonde. » (…) »

DIPLOMATES EXPULSES

Dernières Nouvelles d’Alsace (Pascal Coquis)

« (…)L’empoisonnement de l’ex-espion Skripal sur le territoire britannique a été l’occasion d’afficher cette nouvelle détermination, et peut-être même cette solidarité naissante dont le temps et les épreuves diront la solidité. Cette expulsion massive de diplomates est avant tout une façon spectaculaire de tracer une ligne rouge. Et, qui sait, un moyen de repartir sur d’autres bases. À condition que cette ligne ne se transforme pas en mur. »

L’Eclair des Pyrénées(Georges Valance)

« (…)Trente ans après la chute du mur de Berlin, la Russie en est revenue à affirmer sa puissance par la force militaire à l’extérieur de ses frontières et en commettant un attentat à l’arme chimique à Londres. Ce qui a conduit à l’expulsion d’au moins 116 diplomates russes de part et d’autre de l’Atlantique. Tiens l’Occident est toujours là ! »

BANLIEUE ET DEMISSIONS

Charente Libre (Maurice Bontink)

« (…) voir le maire de Sevran jeter l’éponge, hier soir après dix-sept ans à la tête de sa ville de Seine-Saint-Denis de 50.000 habitants en dit long sur l’état de délabrement de ces cités. Répétons-le pour éviter tout début de tentative d’explications « sociales » des gestes du terroriste de Trèbes, aucune raison ne peut justifier une telle barbarie. On se demande au contraire comment il n’y a pas plus de passages à l’acte après avoir lu l’entretien de Stéphane Gatignon dans Le Monde pour expliquer son impuissance à « péter le ghetto ». Ou avoir entendu un modéré comme Jean-Louis Borloo, qui s’y connaît en politique de la ville affirmer que « si on ne fait rien, on aura aux prochaines municipales de 2020 des listes communautaires partout, avec la charia en étendard »… »