Renforcer le droit à l’avortement

 « Voulez-vous contraindre les femmes à donner la vie par échec, par erreur, par oubli ? » disait Gisèle Halimi. La réponse du Sénat, hier soir, fut hélas claire : texte rejeté.

Intervention en séance :

Intégralité du texte prononcé :

Monsieur le Président, 

Monsieur le Ministre, 

Mes Cher⸱e⸱s Collègues,

Nous débutons plutôt mal 2022. Le Sénat aurait pu prendre de bonnes résolutions, mais c’était sans compter sur la motion tendant à opposer la question préalable mettant directement un terme à l’examen en deuxième lecture de ce texte. Sans surprise, la Commission mixte paritaire n’a pas été conclusive non plus. Nous voilà donc aujourd’hui confrontée au même problème. Je vous invite à vous libérer de votre conservatisme et de faire preuve d’empathie et de féminisme. Oui, il est question ici de droit des femmes à disposer de leur corps. 

Il ne s’agit pas seulement de rallonger le délai légal de l’IVG en le faisant passer de 12 à 14 semaines. On parle de parcours de femmes pour qui avorter n’est pas un choix mais une nécessité. Nombreux sont les obstacles : pression sociale et familiale, violences au sein du couple et humiliations. Sans parler des professionnels de santé qui opposent leur clause de conscience et se permettent des jugements qui fragilisent encore plus ce droit fondamental. L’IVG n’est pas un acte anodin. Chaque femme ayant eu recours à cette pratique pourra témoigner de sa douleur psychique et parfois même physique. J’entends certains réfractaires à ce texte parler de bioéthique, alors même que le comité national d’éthique a statué en faveur de l’allongement considérant qu’il n’y a aucune évolution majeure du fœtus durant ces deux semaines supplémentaires. 

Le droit à l’avortement n’est pas entièrement effectif en France. En plus de la fermeture de centres IVG, certains territoires en sont complètement dépourvus. Des femmes font parfois plus de 100 kilomètres pour pouvoir avorter. Dans un pays comme la France, on ne peut tolérer cette inégalité. Il est de notre devoir de permettre à ces femmes de choisir leur avenir et de ne pas les condamner à une grossesse forcée. 

J’aimerais terminer sur ces mots de Gisèle Halimi :

« Voulez-vous contraindre les femmes à donner la vie par échec, par erreur, par oubli ? Est-ce que le progrès de la science n’est pas précisément de barrer la route à l’échec, de faire échec à l’échec, de réparer l’oubli, de réparer l’erreur ? C’est cela le progrès. C’est barrer la route à la fatalité. »

Je vous remercie. 

SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI