Question écrite n° 15241 de Mme Esther Benbassa (Paris – CRCE-R)
publiée dans le JO Sénat du 16/04/2020 – page 1772
Mme Esther Benbassa attire l’attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur la situation des hôpitaux parisiens, saturés en raison de la crise liée au Covid-19 et la nécessaire réquisition de structures hospitalières vides mais disponibles.
Au 7 avril 2020, l’Île-de-France compte 8 314 personnes hospitalisées, contaminées par le coronavirus.
La pénurie de lits se fait sentir, notamment en réanimation. Le personnel hospitalier n’a de cesse de demander de nouveaux moyens et l’ouverture de nouveaux lits.
Actuellement, l’agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France a déjà permis le doublement du nombre de places en hôpital – 1 200 en temps normal, 2 400 aujourd’hui.
Mais cet effort n’est pas suffisant. Selon les professionnels de santé, 500 lits supplémentaires de réanimation et de soins continus seraient nécessaires au bon fonctionnement des hôpitaux parisiens face à la pandémie.
À cette nécessité, l’ARS d’Île-de-France a répondu ne pas avoir les moyens d’ouvrir de nouveaux lits. Des solutions de proximité doivent pourtant être trouvées.
Deux s’offrent à nous, au cœur même de Paris.
La première dans le 5ème arrondissement, avec l’ancien hôpital militaire du Val-de-Grâce, qui a fermé ses portes à l’été 2016, après avoir été vendu en 2014 par le ministère de la défense, pour des raisons budgétaires. Tant la maire de Paris que la maire du 5ème arrondissement ont demandé à ce que ces locaux soient réinvestis par les services de santé des armées, sur le modèle de l’hôpital de campagne qui a ouvert ses portes dans le Grand Est.
La seconde dans le 4ème arrondissement de Paris avec l’hôpital de l’Hôtel-Dieu. En mai 2019, l’assistance publique – hôpitaux de Paris (AP-HP) a validé, après appel d’offres, la cession à la société Novaxia d’un tiers de la surface de l’hôpital. De surcroît, alors que la pandémie était déjà présente sur notre territoire et que le confinement était entériné depuis le 16 mars 2020, au détriment de tout bon sens, l’AP-HP a maintenu le 18 mars la fermeture du service des urgences et des lits de l’hôpital de proximité de l’Hôtel-Dieu.
Voilà deux exemples parfaitement représentatifs de la crise du système de santé français. Alors que ces deux structures hospitalières parfaitement fonctionnelles auraient pu participer à l’effort de lutte contre le coronavirus, elles ont été bradées par l’État au nom de la rentabilité financière et de la gestion entrepreneuriale des établissements publics hospitaliers.
La santé n’a pas de prix. Face à la pandémie, tous les services publics médicaux du pays doivent être opérationnels, et toutes les options doivent être envisagées. Ainsi, la réouverture des établissements hospitaliers étant du ressort des agences régionales de santé, elle lui demande s’il va enjoindre l’ARS d’Île-de-France à agir, afin de réouvrir le service des urgences et de réanimation de l’Hôtel Dieu et de permettre l’investissement par les services de santé de l’armée du Val-de-Grâce.
En attente de réponse du Ministère des solidarités et de la santé