Question au gouvernement
Jeudi 12 novembre 2015
Esther Benbassa, Sénatrice EE-LV
Monsieur le Président,
Mes chèrEs Collègues,
Ma question s’adresse à Monsieur le Ministre de l’Intérieur.
Monsieur le Ministre,
Les médias ont commencé à faire état d’exfiltrations de Calais, vers des centres de rétention (CRA), de réfugiés souhaitant passer en Angleterre. Des exfiltrations visant non à traiter les effets dramatiques d’une crise migratoire majeure, mais juste à désengorger Calais en cette veille d’échéances électorales.
Le 10 novembre, en visite au CRA de Paris-Vincennes, j’ai rencontré des gens perdus, exténués, humiliés, n’ayant rien à faire là. Arrêtés dans les gares parisiennes pour empêcher leur départ vers Calais, et traités sans ménagements, à les en croire, dans les commissariats. Ou encore ramassés à Calais même, certains ayant été séparés de leurs proches. Tous non expulsables vers leurs pays d’origine.
Les arrivées se sont échelonnées : le 29 octobre, puis le 3 novembre, et encore le 8. Une centaine de personnes en tout, pour partie libérées, mais aussitôt remplacées par d’autres. D’autres arrivées sont attendues les 15, 21 et 26 de ce mois.
L’ASSFAM (l’Association Service Social Familial Migrants) juge que les choses ont pris – je cite – « un tour particulièrement effrayant dans un État de droit » et que les mesures prises, « au mieux ubuesques », « au pire illégales », témoignent d’un mépris flagrant des droits élémentaires des personnes concernées.
Au CRA de Paris-Vincennes, sept réfugiés ont entamé mardi une grève de la faim. D’autres se joignent à eux.
Monsieur le Ministre, ma question est double : quand sera-t-il mis fin à une manipulation attentatoire à la dignité des personnes et ternissant l’image de la France ? Quand une solution de fond sera-t-elle mise en œuvre garantissant aux réfugiés un accueil conforme au droit, et aux riverains de la « jungle » la tranquillité à laquelle ils peuvent prétendre ?