Questions au Gouvernement du 18 juillet 2019

Voici le texte de la QAG d’Esther Benbassa, Sénatrice de Paris :

« Monsieur le Président,

Mes cherEs collègues,

Ma question s’adresse à M. le Ministre de l’Intérieur.

Monsieur le Ministre,

Zineb Redouane, octogénaire, morte après avoir été atteinte au visage par une grenade lacrymogène alors qu’elle fermait ses volets.

Geneviève Legay, militante d’Attac, 73 ans, blessée à la tête suite à une charge de CRS.

Près de 3000 blessés parmi les Gilets Jaunes, 94 graves, des mutilés, des éborgnés.

Face à cela, quoi donc ?

Des enquêtes de l’IGPN ne débouchant sur rien.

Face à cela, quoi encore ?

Un Président de la République, le 7 mars, jugeant « inacceptables » les mots de « répression » et de « violences policières » dans un État de droit. Ce ne sont pas les mots qui sont inacceptables. Mais les faits. Or les faits sont là. Incontestables.

Dernière affaire en date, celle de Steve Maia Caniço. Dans la nuit du 21 au 22 juin, à Nantes, des policiers interviennent contre des jeunes célébrant la Fête de la Musique un peu trop tardivement. On a parlé de lancers de projectiles. Les vidéos disponibles n’en montrent aucun. Suite à une charge visiblement disproportionnée, quatorze personnes sautent dans la Loire pour échapper aux coups et aux lacrymogènes.

Steve, lui, n’a pas été retrouvé.

Des enquêtes ont été diligentées, des plaintes déposées, le Défenseur des Droits s’est auto-saisi.

La famille de Steve, elle, attend toujours des réponses.

Ma question est simple, Monsieur le Ministre :

Où est Steve ?

Je répète.

Où est Steve ?

 

Riposte :

Monsieur le Ministre, cette réponse n’est certes pas de nature à calmer les inquiétudes de la famille de Steve. Je ne noterai qu’un point pour conclure. Le 16 juin dernier, dans le cadre de mal nommée « promotion Gilets Jaunes », vous avez médaillé M. Grégoire Chassaing, commissaire divisionnaire à Nantes. Cinq jours plus tard, le 21 juin, si l’on en croit Médiapart, c’est le même qui ordonnait de gazer les jeunes rassemblés près d’une berge de la Loire. Steve en faisait partie. Votre police va mal, Monsieur le Ministre. Et notre pays avec elle. »