[…] « Il n’y a pas de volonté de venir réellement en aide aux travailleuses du sexe »
Pourtant, déjà à l’Assemblée, les députés UMP, redoutant un appel d’air pour le trafic d’êtres humains, s’étaient opposés à toute abrogation. Manuel Valls a aussi exprimé ses réserves, défendant un outil d' »aide à la connaissance des réseaux ». « C’est un moyen d’avoir des éléments d’enquête » et « d’avoir connaissance des conditions des victimes », confirme un haut responsable de la police.
Faux, rétorquent les opposants au délit de racolage. Il « n’a protégé aucune victime de la traite et n’a pas permis d’arrêter plus de proxénètes », affirme la sénatrice EELV Esther Benbassa, qui a déjà défendu en 2013 un texte pour l’abroger. « Judiciairement, le délit n’a pas été efficace », sauf « à faire s’enfuir les prostituées d’une zone visible », ajoute Yves Charpenel, de la Fondation Scelles. « Aujourd’hui, il n’a d’impact que sur une toute petite partie de la prostitution ».
« Il y a des arrestations. Les filles se retrouvent en garde à vue, mais cela se termine par des rappels à la loi et des renvois vers les associations », explique Franceline Lepany, des Amis du Bus des femmes. Au final, « cela confirme qu’il n’y a pas de volonté de venir réellement en aide aux travailleuses du sexe », estime Morgane Merteuil, du Syndicat du travail sexuel. Pour le Mouvement du Nid, les sénateurs ne veulent tout simplement « pas toucher à l’impunité des clients +prostitueurs+ ». « Très déçue » de ce « retour en arrière », la député Maud Olivier, auteur du texte initial, dit espérer qu’il « évolue au cours des débats ». La proposition de loi prévoit aussi le renforcement de la lutte contre le proxénétisme, une aide aux victimes et le développement d’alternatives à la prostitution, et une politique de prévention auprès des jeunes. En France, où la prostitution est légale, on estime à environ 30.000 le nombre de prostituées, dont une majorité d’étrangères, issues notamment d’Europe de l’Est, d’Afrique, de Chine et d’Amérique du Sud.
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