Prostitution : le Sénat refuse de pénaliser les clients (Le Point, 31 mars 2015)

« Faut-il punir le racolage ou les clients ? La Chambre haute a tranché, votant à l’inverse de ce qu’avaient fait leurs collègues députés.

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« Réaffirmer la position abolitionniste »

« L’interdiction d’achat d’actes sexuels doit être vue comme partie intégrante et nécessaire de la lutte contre le système prostitutionnel », a souligné Laurence Cohen (CRC). Pour Michelle Meunier (PS), il fallait « réaffirmer clairement la position abolitionniste de la France et permettre d’affirmer concrètement que nul n’est en droit d’exploiter la précarité et la vulnérabilité ni de disposer du corps d’autrui pour lui imposer un acte sexuel par de l’argent ». Mais pour le président de la commission spéciale Jean-Pierre Vial (UMP), « la pénalisation des clients comportait plus de risques que de bénéfices. Il était dès lors logique de rétablir le délit de racolage ». Le délit de racolage a été rétabli par 162 sénateurs, 142 UMP et 19 UDI-UC, tandis que 161 ont voté contre : 12 centristes, et les membres des groupes socialiste, CRC (Communiste, républicain et citoyen), RDSE (à majorité PRG) et écologiste.

Pour Esther Benbassa (écologiste), les conséquences du délit de racolage « sont terribles pour les personnes prostituées ». « Il est tout bonnement impensable de rétablir ce délit qui a fait, en douze ans, la preuve de son inutilité en matière de répression des réseaux et de dangerosité à l’égard des personnes prostituées », a-t-elle poursuivi. En revanche, pour M. Vial, « les forces de l’ordre doivent avoir les moyens de remonter les réseaux ». « Sans l’établissement de ce délit, nous nous trouverions en état d’apesanteur », a-t-il estimé. Pour sa part, la secrétaire d’État chargée des Droits de la femme, Pascale Boistard, a rappelé que « c’est le client qui crée la prostitution ». « Il a été choisi de ne pas faire de l’achat d’acte sexuel un délit mais une contravention de cinquième classe », a-t-elle rappelé. « Mais ce texte va au-delà du droit : il affirme qu’on ne peut acheter un corps. Et il renforce la lutte contre les réseaux. » […]

 

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