Par Fabien Carlat .
» Pénaliser les clients des prostitué-e-s. La proposition de loi sera étudiée ce vendredi à l’Assemblée nationale. Le 6 novembre dernier, la sénatrice écologiste Esther Benbassa, opposée à une telle interdiction, organisait une conférence de presse au Sénat, avec des prostitué-e-s et des intellectuelles. L’équipe du Café des Roumains était présente.
C’est la sénatrice qui ouvre le bal par un mot d’introduction expliquant les raisons de son positionnement. « Ce qui m’intéresse, ce ne sont pas les clients », affirme-t-elle, en disant que son souci est bien plus pour les personnes prostituées elles-mêmes. Elle évoque le fait que la pénalisation des clients priverait les prostitué-e-s de revenu : « Ces personnes deviendront des chômeuses ! », tout en soulignant le paradoxe d’abolir le délit de racolage passif tout en pénalisant les clients : « Elles auront le droit de racoler, mais elles vont racoler quoi s’il n’y a pas de clients? ». Esther Benbassa a accompagné Najat Vallaud-Belkacem à Oslo, en Norvège, où les clients sont déjà pénalisés. En visite au local d’une association d’aide à la sortie de la prostitution, elle a demandé ce qui était fait si une femme étrangère sans-papiers venait les voir. « On appelle la police », lui a-t-on répondu. En Suède, si la prostitution de rue a disparu, elle s’est déplacée « dans des bordels flottants » dans les pays limitrophes non-prohibitionnistes. Mme Benbassa dénonce l’hypocrisie du projet de loi : « A ce moment-là il faudrait faire divorcer les femmes qui se marient avec des hommes par intérêt. Il y en a beaucoup. » Sourires dans la salle. Elle regrette « une énième pénalisation », tout en affirmant qu’elle n’est « pas pour la réglementation », autrement dit qu’elle s’oppose à une réouverture des maisons closes. Selon la sénatrice, la répression des clients éclatera les lieux de la prostitution, et les travailleuses du sexe seront éloignées les unes des autres : « Il y a une sororité entre les femmes qui sera réduite à néant. »… »
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