Alors que la loi sur la prostitution va être débattue la semaine prochaine au Sénat, plusieurs députés UMP ont réintroduit un amendement visant à pénaliser le racolage. Ce qui indigne les associations de terrain.
C’est un retournement de situation qui a surpris tout le monde. Mercredi, alors qu’ils discutent de la loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel, les sénateurs UMP adoptent un amendement rétablissant le délit de racolage passif. Cette notion était apparue en 2003, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy en 2003. Très critiquée par les associations de terrain, qui jugeaient qu’elle avait contribué à précariser davantage les personnes prostituées, elle devait justement disparaître des textes.
« Personne ne s’y attendait, raconte Michelle Meunier, la sénatrice rapporteure (PS) du texte. Ce n’est qu’un avis, j’espère qu’il ne sera pas suivi en séance. Sinon, ça serait un retour en arrière. » Le texte doit en effet être à présent examiné par tous les sénateurs lundi prochain. « Je suis très étonnée, renchérit l’écologiste Esther Benbassa. Entre les deux tours des départementales, les sénateurs UMP ont voulu plaire à leurs électeurs ! »
« Une véritable absurdité »
Du côté du monde associatif, on a également du mal à avaler la pilule. « C’est totalement incompréhensible, c’est une véritable absurdité, dénonce Jean-François Corty, de Médecins du Monde. Cette mesure n’a eu que des effets contradictoires, en excluant encore plus les personnes prostituées et en aggravant leurs conditions de vie ». Même son de cloche du côté du Mouvement du Nid, « consterné » et qui, dans un communiqué, a dénoncé « ceux qui, pendant 16 mois, ont fait obstruction à la pénalisation des clients afin de soi-disant protéger les personnes prostituées, proposent aujourd’hui de s’attaquer directement à elles en maintenant le délit de racolage. »