À l’occasion du vote du projet de loi de finance 2012, je suis intervenue cet après midi, en séance, sur le volet, immigration-asile-intégration.
Voici le texte de mon intervention :
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Madame et Messieurs les rapporteurs,
Chèr-E-s collègues,
La mission « Immigration, asile, intégration » du projet de loi de finance 2012 est à l’image de la politique désastreuse en la matière menée par le Gouvernement depuis des années. Les chiffres « parlent d’eux-mêmes » : 85 millions d’euros pour
la lutte contre l’immigration clandestine, seulement 41 millions pour l’intégration. Les sénatrices et sénateurs écologistes ne peuvent que dénoncer l’acharnement du Gouvernement à faire primer les expulsions (à hauteur de 32 millions d’euros) sur le « vivre-ensemble », ainsi que le coût exorbitant de cette politique d’éloignement, tristement révélateur de l’attitude adoptée par la France face à ses étrangers. Je souligne, par ailleurs, comme ma collègue Corinne Bouchoux dans son rapport pour avis, à quel point il est regrettable que la politique d’accueil des étrangers elle même soit de plus en plus financée par ceux-ci. Un accueil de surcroît de qualité médiocre, à en juger par les files d’attentes interminables qui se créent devant les Préfectures et Sous-Préfectures françaises, en particulier en Île-de-France. Comment la France, terre des Lumières, peut elle tolérer que des personnes, parfois accompagnées d’enfants en bas âge, soient contraintes de passer la nuit dans la rue pour faire partie des quelques « privilégiés », si j’ose dire, qui, au matin, bénéficieront d’un ticket pour être reçus par un bureau des étrangers ?
Monsieur le Ministre, le Gouvernement et vous-même avez tourné le dos à l’idéal de fraternité de notre République. Faute
d’un projet crédible de lutte contre le chômage, les inégalités et la crise, vous avez opté pour la voie dangereuse d’une
idéologie anti-étrangers, anti-immigrés, anti-arabe et antimusulmane distillée jour après jour.
Je ne puis, pour ma part, me résoudre à avoir la mémoire courte. Je me rappelle les années 1930. C’était aussi une époque de crise, le lendemain d’un krach dévastateur. Le bouc émissaire, alors, était le Juif. Chacun sait comment cette histoire s’est terminée. La comparaison, c’est vrai, a ses limites. Et l’histoire ne se répète pas, certes. Mais les comportements xénophobes, eux, oui. On ne joue jamais impunément avec le feu.
Il y a quelques jours, conscients que derrière la froideur des chiffres il y a des êtres de chair et de sang, cinq collègues et
moi-même avons décidé de parrainer six travailleurs étrangers sans-papiers. Leurs dossiers vous seront adressés à votre
Ministère. Devant cette Assemblée, je vous demande solennellement de leur porter toute l’attention qu’ils méritent. Ces étrangers sans-papiers n’ont pas traversé des terres et des mers pour le plaisir du voyage. Mais parce qu’ils étaient dans le
besoin et qu’ils croyaient en la France – qui, elle, emploie leur force de travail. Les sénatrices et sénateurs écologistes s’alarment de même des effets de la politique du Gouvernement relative aux étudiants étrangers. Reviendrez-vous, Monsieur le Ministre, sur votre Circulaire du 31 mai dernier ? Tandis que les Etats-Unis sont devenus une puissance de l’intelligence en achetant des cerveaux, nous excellons, nous, à brader les nôtres, après même les avoir formés. Le Gouvernement devra un jour rendre compte devant le pays de ce véritable gâchis de l’intelligence, froidement organisé.
Nous, les sénatrices et sénateurs écologistes, ne voterons pas les crédits consacrés à cette mission « Immigration, asile, intégration » parce leur répartition aussi bien que les principes qui la justifient heurtent de front notre conception d’une société juste.