PPRE sur l’avenir de l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (FRONTEX)

Examen de la PPRE sur l’avenir de l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (FRONTEX)

Intervention en séance : https://youtu.be/iY5VjLQ3QjY

Intégralité du texte prononcé :

Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre,

Messieurs les Rapporteurs,

Mes Cher⸱e⸱s collègues,

En février 2022, l’ONU alertait l’Europe contre une normalisation du refoulement illégal des réfugiés à nos frontières. Le rapport de l’ONG Human Rights Watch est accablantà l’égard de l’agence européenne Frontex. La surveillance aérienne exercée par celle-ci permet aux garde-côtes libyens d’intercepter des bateaux de migrants. Ces derniers sont renvoyés de force en Libye et sont confrontés à la violence, à des abus, à de l’esclavage, et à de la torture. Ces faits sont directement imputés à Frontex, qui devient alors complice d’actes inhumains. Également un rapport, cette fois-ci, de l’Office européen de lutte anti-fraude, dénonce des actes similaires, impliquant des agents de Frontex, en Albanie et à la frontière entre la Grèce et la Turquie.

Nous ne pouvons fermer les yeux sur ces révélations avec preuves à l’appui et faire comme si notre soutien à Frontex devait primer sur nos principes fondamentaux. Je ne partage pas l’avis des rapporteurs pour qui la mission première de Frontex serait de garantir le contrôle efficace des frontières extérieures de l’Europe à des fins de lutte contre l’immigration clandestine. Le respect des droits de l’Homme doit dépasser toute considération politique et doit être la boussole de nos actions.

Les tragédies se succèdent : celle de Lampedusa en 2013, le naufrage de plus de 800 migrants en 2015, celui de 27 migrants dans la Manche l’année dernière, et enfin la mort d’une trentaine de migrants depuis le début de l’année en mer Méditerranée. Nous devons prendre toute la mesure de la gravité de l’échec de Frontex dans ses missions. D’après les chiffres de l’agence européenne, 330 000 entrées irrégulières ont été enregistrées en 2022 en Europe. Le système en place est incapable de répondre à la problématique migratoire qui traverse l’Europe. Environ 10% de ces entrées irrégulières sont des femmes et environ 9% des mineurs. Ces mineurs, je les ai rencontrés au campement de la Porte d’Ivry. 400 adolescents, livrés à eux-mêmes, dans des tentes d’infortune. Et les exemples sont nombreux. Est-ce vraiment digne de la France ?

L’Union européenne souhaite remettre la migration au sommet de ses priorités. Il est urgent de réformer Frontex, sa mission de contrôle doit être indissociable de sa mission de protection des droits fondamentaux. La Grèce, la Pologne, la Bulgarie, quant à eux, réclament le financement européen d’un mur « anti-migrants » et de barbelés érigés le long de leurs frontières. L’échéance des élections européennes arrive à grands pas. Hélas, sans un système d’asile et de migration harmonisé et fort, je crains qu’une nouvelle poussée des extrêmes surgissent lors des résultats du suffrage. Je voterai contre ce texte.

SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI