Intervention en séance : https://youtu.be/042AHHTZfNM
Intégralité du texte prononcé :
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Rapporteur,
Mes Cher⸱e⸱s collègues,
Aujourd’hui, nous discutons d’une proposition de loi issue de la droite sénatoriale : pour une école de la liberté, de l’égalité des chances et de la laïcité. Si l’intitulé semble être porteur d’espoir et de renouveau, le contenu l’est moins.
Ainsi, dès le premier article, le ton est donné. Il est proposé d’accroître l’autonomie des établissements scolaires sous contrat qui auraient désormais la possibilité de recruter leurs élèves, de choisir leur organisation pédagogique et de donner une liberté quasi-totale au directeur de l’établissement. Avec ce mode de sélection des élèves, vous réduisez leurs chances à certains d’accéder à l’établissement scolaire de leur choix. Par ailleurs, les inégalités entre élèves ne cessent de s’aggraver, le poids de l’origine sociale se reflète inévitablement dans les résultats scolaires. Le système éducatif français ne parvient plus à prendre en charge les élèves les plus faibles. Selon la dernière enquête du Programme international pour le suivi des acquis des élèves, la France est un des pays de l’OCDE qui affiche un très grand écart de réussite entre les enfants les plus défavorisés et ceux issus des familles les plus aisées et éduquées. C’est un chantier sur lequel il est urgent de travailler et pourtant les mesures proposées sont insuffisantes et ne semblent pas répondre à cet impératif de réduction des inégalités scolaires.
De surcroît, le texte intègre d’autres marqueurs indélébiles de la droite : comme l’interdiction du port du voile pour les accompagnatrices scolaires à l’article 9 et le port obligatoire de l’uniforme à l’article 10. Encore une fois, le principe de la laïcité est déformé. Aujourd’hui, la laïcité serait menacée partout en France et l’école en grave danger : que ce soit dans les assiettes à la cantine, lors des sorties scolaires, dans les cours de récré ou encore à la piscine. Tout prétexte est bon pour redéfinir le principe de laïcité à sa sauce et encourager le marché électoral de l’islamophobie. Cette stigmatisation permanente ne fait que renforcer le repli communautaire. C’est un engrenage vicieux que l’éducation nationale devrait endiguer à force de pédagogie, de formation à la laïcité, de dialogue professeurs/élèves et professeurs/parents. Emmanuel Macron a déclaré le 16 mars dernier qu’il ferait de l’école sa priorité et faire de sorte que l’école soit ouverte à tous, émancipatrice, libératrice et inclusive. Ce texte ne répond visiblement pas à cette ambition. Je voterai contre.
SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI