Le sociologue Gérald Bronner revient sur la fermeture récente du centre de déradicalisation de Pontourny. S’il est critique sur les mesures mises en place contre la radicalisation, selon lui, ce centre est loin d’être un échec.
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Il faut donc tirer les enseignements de Pontourny ? Pourtant le rapport des sénatrices Esther Benbassa et Catherine Troendlé a été très dur avec cette expérience, prônant entre autres une individualisation et une prise en charge de proximité, à l’encontre de ce qui a été fait à Pontourny.
Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. D’abord parce qu’on ne sait pas vraiment quoi faire, et ensuite parce qu’il y a de plus en plus de retours de Syrie, avec des mères et des enfants. A mon avis, le centre de Pontourny n’est que le début de l’histoire, pas la fin.
En rassemblant des radicalisés, il y a effectivement un risque de polarisation. Mais quand on pointe les défauts d’une stratégie, il faut avoir en tête les défauts de l’alternative. Or je pense que laisser ces individus dans leurs quartiers d’origine, avec l’accès à Internet etc., ne leur permettra certainement pas de prendre de la distance.
C’est la grande obsession de ces sénatrices de remettre les gens dans leur “milieu naturel” mais ce n’est pas l’avis des chercheurs sur la question. Cela ne tient pas debout. Ce n’est fondé sur aucune donnée scientifique fiable. En février, le rapport [un premier rapport a été publié en février 2017, ndlr] disait que c’était mieux chez les Belges. Pourquoi ? Rien n’est étayé.
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