En même temps que l’Assemblée nationale, le Sénat a voté en faveur de l’accord entre l’Eurogroupe et la Grèce, arraché au prix d’âpres négociations à Bruxelles. Huit sénateurs écologistes ont voté pour, deux, dont Esther Benbassa, ont choisi l’abstention.
L’accord validé par le Parlement français permet certes à la Grèce de rester dans la zone euro. Mais à quel prix? Il met sous tutelle un pays démocratique et en fait un protectorat. Si l’on peut espérer, dans les jours qui viennent, la réouverture des banques et une reprise de la vie économique, cet accord ne règlera pas les grandes difficultés auxquelles la population grecque est confrontée jour après jour. L’immense effort qu’on exige d’elle à nouveau et l’austérité accrue à laquelle on l’a condamnée laissent hélas présager le pire.
Le FMI lui-même estimait, dans un rapport publié le 14 juillet, et dont les autorités européennes avaient eu connaissance dès le 11 du même mois, donc avant la signature de l’accord, que la zone euro devait aller plus loin que prévu pour alléger la dette de la Grèce et qu’elle pourrait même être contrainte d’en effacer une partie. Nombre d’économistes de renom sont du même avis.
Même si elle accorde une aide supplémentaire à la Grèce, l’Europe le fait dans des conditions drastiques, acculant le peuple à une misère plus grande encore. L’Allemagne, abusant de sa position dominante, donne libre cours à sa tentation hégémonique. Le principe de solidarité qui doit régir les rapports des nations européennes est bafoué.
Telle n’est pas l’Europe que nous, écologistes, progressistes et démocrates, voulions voir émerger. Tenant pour nulle et non avenue l’expression libre du suffrage populaire, l’Eurozone ouvre un boulevard aux mouvements d’extrême droite et aux souverainistes de tous poils. Nous, écologistes, disons oui à l’Europe, mais à une Europe refondue, solidaire, démocratique, transparente, moins bureaucratique, et résistant aux pressions intolérables des forces du néolibéralisme économique.
Pour toutes ces raisons, et sans vouloir désavouer un Premier Ministre grec qui n’a pas ménagé ses efforts pour défendre courageusement ses concitoyens et pour faire entendre, en Europe, une autre voix que celle des marchés, Esther Benbassa s’est donc abstenue.
Hier soir, le Parlement grec a voté dans l’urgence des réformes cruciales qui lui étaient imposées de l’extérieur. Rien n’indique hélas que l’avenir du peuple grec soit effectivement garanti. Et tout souligne en revanche le danger d’enlisement du projet européen – d’un projet auquel la sénatrice du Val-de-Marne est viscéralement attachée.
Les combats à venir seront rudes, exigeants. Toutes les consciences doivent rester en éveil.