POURQUOI ELLE N’A PAS VOTÉ L’ÉTAT D’URGENCE (Paris Match, 21 novembre 2015,

« Aucun sénateur n’a voté contre le projet de loi sur l’état d’urgence, vendredi. Douze d’entre eux -11 communistes et une écologiste- ont néanmoins choisi de s’abstenir. Esther Benbassa, professeure d’université et sénatrice EELV du Val-de-Marne, explique son choix à Paris Match.

A l’Assemblée nationale, seuls sept députés avaient fait le choix de voter contre ou de s’abstenir au moment du vote du projet de loi sur l’état d’urgence. Au Sénat, aucun élu ne s’est prononcé contre le texte du gouvernement. Douze sénateurs, en revanche, se sont abstenus, dont 11 membres du groupe communiste -Eliane Assassi, Jean-Pierre Bosino, Annie David, Brigitte Gonthier-Maurin, Marie-France Beaufils, Laurence Cohen, Évelyne Didier, Pierre Laurent, Cécile Cukierman, Christian Favier et Paul Vergès. A l’Assemblée nationale, le groupe dans lequel siègent les communistes avait au contraire voté à l’unanimité pour le texte.

L’écologiste Esther Benbassa, élue du Val-de-Marne, est la seule membre de son groupe à avoir choisi l’abstention. Elle explique son choix.

Paris Match. Pourquoi avoir choisi l’abstention plutôt que le vote contre le projet de loi du gouvernement sur l’état d’urgence?
Esther Benbassa. Mon abstention reflète le doute que j’avais sur l’efficacité de ce genre de lois. Je pensais, comme Robert Badinter, comme Maître Henri Leclerc, comme la Ligue des droits de l’Homme, comme le Syndicat de la Magistrature, que l’Etat de droit n’est pas un Etat faible. L’Etat de droit a tous les dispositifs pour pratiquer des perquisitions ou pour la garde à vue. Ni les Etats-Unis, ni Israël, pays avec des services de renseignements très puissants, n’ont gagné la guerre contre le terrorisme, car c’est une question très complexe.

« SI JE NE SUIS PAS RÉÉLUE, CE N’EST PAS GRAVE »

Y a-t-il eu un débat au sein du groupe écologiste?
Nous avons discuté, mes collègues ont voté pour, c’est leur droit. Je sais que nombre de parlementaires avaient le même doute que moi mais ils ne pouvaient pas l’exprimer en raison des échéances électorales. Moi je suis une universitaire, si je ne suis pas réélue, ce n’est pas grave. J’ai voulu exprimer librement les doutes dont ces personnes m’ont fait état. J’ai suivi ma conscience. […] »

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