Pourquoi bâillonner le négationnisme est contre-productif (Challenges, 21 octobre 2016)

Challenges

« Un nouveau délit de « négation, minoration ou banalisation » des crimes de génocide a été voté par les sénateurs en dernière lecture du projet de loi Egalité et Citoyenneté. En d’autres termes, l’article 38 ter du texte étend la pénalisation à la contestation de l’ensemble des crimes de guerre, crimes contre l’humanité ou crimes de réduction en esclavage officiellement reconnus par une juridiction française ou internationale. Pourra ainsi être condamnée à cinq ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende, toute personne ayant « nié », « minoré », ou « banalisé » un des crimes en question ou si la négation, la minoration ou la banalisation de l’un de ces crimes constitue une incitation à la violence ou à la haine. […]

A l’interdiction, préférons la contradiction ; et à la répression, préférons l’éducation. Justifier le vote de l’article 38 ter par le besoin « d’apaisement d’une société trop souvent morcelée », c’est produire l’inverse du but recherché : nous entrons dans ce que la sénatrice Esther Benbassa nomme « la concurrence des victimes ». Le droit individuel de ne pas être offensé prend le pas sur la liberté universelle de s’exprimer, au risque de confondre « propos discriminatoires » – qu’il faut combattre mais pas criminaliser – et « incitation à la haine » qui est légitimement condamnable. Alors plutôt que de vouloir faire taire les paroles dérangeantes, reprenons la parole haut et fort pour condamner les propos qui dérangent. »

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