PLF pour 2023

Début de l’examen du PLF2023 au Sénat : la dette publique ne doit plus être un prétexte empêchant une réelle transition écologique dans nos finances. Les dégâts économiques et humains qui seraient inévitables ne se règleront pas à coups de cols roulés.

Intervention en séance : https://youtu.be/7dqu3KZcYRE

Intégralité du texte prononcé :

Monsieur le Président,

Monsieur le Rapporteur

Monsieur le Ministre,

Mes Cher⸱e⸱s collègues,

Dans ce contexte économique et social extrêmement tendu, nous abordons aujourd’hui le Budget pour l’année à venir. Il est certain que ce projet de loi de finances ne remplit pas sa part du contrat puisqu’il repose sur des projections financières irréalistes. C’est à se confondre et se perdre dans un flot d’estimations, de chiffres, de pourcentages que vous seul semblez comprendre. D’autant plus que la Commission européenne annonce une récession pour la fin de l’année et un hiver particulièrement difficile pour la zone euro.

La dette publique française actuelle dépasse les 2 900 milliards d’euros, soit 115% du PIB. Et même si le déficit public se stabiliserait à 5% pour 2023, cela n’éviterait pas une augmentation de la dette publique. Dans ce sombre paysage économique, vous dites vouloir préserver les ménages de l’inflation tout en contenant au maximum le déficit public. Cette équation s’avère impossible à réaliser ! Si votre intention est louable, vos actions manquent pourtant de crédibilité. Pour la simple et bonne raison qu’après une loi visant à protéger le pouvoir d’achat, un PLF de crise, un bouclier tarifaire sur l’énergie, les Français restent fortement lésés par la hausse des prix à tous les niveaux.

 « Tous ceux qui n’ont jamais mis les pieds dans un hypermarché ne connaissent pas la réalité sociale de la France d’aujourd’hui. » Ces mots appartiennent à Annie Ernaux, prix Nobel de littérature. Monsieur le Ministre, je vous pose alors la question : avez-vous fait les courses récemment ?  Parce que quand on a une inflation alimentaire autour de 12%, il est légitime d’interroger vos habitudes.

Selon un récent sondage Elabe, 85% des Français estiment se priver dans leurs achats. Bon nombre d’entre eux se demandent si oui ou non ils pourront se permettre de prendre des fruits ou de la viande alors qu’il y a les factures d’électricité et de gaz à payer à la fin du mois. Ils privilégieront forcément les produits de première nécessité. Tout extra dans le panier de courses est proscrit. C’est un calcul de tous les instants qui finit par hanter le quotidien de nos concitoyens. Comment se déplacer à moindre coût ? Comment réussir à économiser ? Est-ce envisageable de partir en vacances cet été ? Mettre ou ne pas mettre le chauffage quitte à avoir froid… 

Pourtant, les Français ont répondu positivement et joué le jeu de la sobriété énergétique en modifiant leur comportement. Non pas grâce à vos petites sorties sur les cols roulés ou le wifi, mais grâce à une prise de conscience collective de leur consommation. Ne leur demandez pas plus d’efforts qu’ils ne peuvent en fournir !

Les choses ne vont pas aller en s’arrangeant comme vous le prétendez. L’épuisement des énergies fossiles, ainsi que la transition écologique vont continuer à mettre les prix de l’énergie sous pression. Il faudra alors prendre ses responsabilités. Parce que la dette publique comme la dette écologique se creuse d’année en année. Nous léguons ce fardeau insupportable aux générations futures. La dette publique ne doit plus être un prétexte empêchant une réelle transition écologique dans nos finances. Si nous échouons à les solutionner conjointement, les dégâts économiques et humains seront inévitables. 

Malheureusement, au regard de ce que vous nous proposez, et de votre volonté de passer en force ce PLF qui manque cruellement de justice sociale et fiscale, vous ne semblez pas mesurer toute la gravité de la situation économique des Français, et vous actez pour le moins une véritable rupture de confiance entre l’exécutif et les parlementaires.  

Je voterai évidemment contre ce budget.

Je vous remercie. 

SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI