3 septembre 2020 | Public Sénat
Tandis que le gouvernement vient d’annoncer le contenu de son plan de relance, dont 30 milliards d’euros seront consacrés à la transition écologique, les élus écologistes de la Haute chambre saluent le montant de la mobilisation, mais pointent du doigt des incohérences.
100 milliards d’euros. C’est la somme qui sera mobilisée dans le cadre du plan de relance, prévu par le gouvernement pour faire face à la crise provoquée par la pandémie. Repoussé d’une semaine, l’annonce du plan a finalement eu lieu ce jeudi. Et sur les 100 milliards d’euros prévus, 30 milliards seront consacrés à l’accélération de la transition écologique, annonce le gouvernement. « Un premier tiers, soit 30 milliards d’euros, sera d’abord consacré à accélérer le verdissement de notre économie, de nos modes de production, de transports et de consommation et la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre », détaille Jean Castex dans les colonnes du Figaro. Une révision à la hausse du projet de départ, qui prévoyait de consacrer 20 milliards, seulement, aux questions écologiques.
« Cela s’appliquera à la rénovation thermique des bâtiments, aux investissements dans les infrastructures et dans la mobilité verte, au développement de technologies vertes, à la stratégie hydrogène. Le volet vert du plan de relance inclura aussi des mesures ambitieuses en faveur de la transition agricole et de l’économie circulaire, de la biodiversité et de la lutte contre l’artificialisation des sols », poursuit le premier ministre auprès du Figaro. L’investissement pour la transition écologique sera donc décliné en trois volets. 11 milliards seront consacrés aux transports, dont plus de la moitié pour le ferroviaire et les mobilités du quotidien. 6,7 milliards seront injectés dans la rénovation énergétiques des bâtiments publics et des logements. Et 9 milliards seront investis dans l’énergie, pour permettre à la France d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. « 30 milliards d’euros investis dans la transition écologique, c’est historique », assure Jean Castex, ce jeudi, invité de la matinale de RTL.
Un manque de vision sur le long terme, selon les sénateurs écologistes
Tous les écologistes, toutefois, ne partagent pas son avis. Si tous reconnaissent qu’un investissement de grande ampleur dans la transition écologique constitue un premier pas, beaucoup restent sur leurs réserves sur un certain nombre de sujets. « L’allocation de 30 milliards d’euros à la transition écologique est plutôt une bonne nouvelle », concède le sénateur écologiste Guillaume Gontard. « La vraie question porte sur la manière dont ils vont être utilisés, et surtout, sur la manière dont les territoires vont être impliqués dans ces mesures. En matière de production énergétique et d’isolation des logements, tout passera par les territoires, or je ne vois pas de fléchage dirigé vers les communes, les intercommunalités ou les métropoles. » Autre point de crispation : la mise en place de sous-préfets chargés du plan de relance, qui prendront, selon certains élus, la place des territoires dans le processus de décision. « La mise en place de sous-préfets est une logique de déconcentration plus que de décentralisation de la part du gouvernement », conteste le sénateur EELV de Loire-Atlantique Ronan Dantec. « L’enjeu de ce plan de relance est de placer les régions au cœur du dispositif, or le gouvernement reste très ambigu entre déconcentration et vraie décentralisation. »
Et, si tous les sénateurs écologistes se félicitent d’un investissement d’ampleur pour la transition écologique, plusieurs d’entre eux craignent que d’autres volets du plan de relance n’annulent les effets positifs de cet investissement. « Dans le même plan, on mobilise 30 milliards d’euros pour la transition écologique, et on réduit de 20 milliards l’impôt de production pour les entreprises sur deux ans, sans contrepartie environnementale », pointe du doigt la sénatrice de Paris Esther Benbassa. Pour elle, le plan de relance prévu par le gouvernement ne couvre pas une période assez large pour permettre une véritable vision de la transition écologique sur le long terme. « On a une vision sur deux ans, mais quid de la suite et de l’accompagnement ? », interroge Guillaume Gontard. « Il faut avoir une vraie réflexion sur 10 ou 15 concernant les orientations qu’on souhaite donner. »
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