« Comme nous l’avons dévoilé ce dimanche dans Le Parisien-Aujourd’hui en France, des chrétiens demandent la création d’une commission d’enquête parlementaire sur ce sujet tabou. L’idée recueille majoritairement l’adhésion.
Des députés et des sénateurs déterminés à monter au créneau, des évêques qui ne ferment pas la porte. Dévoilé dimanche dans Le Parisien-Aujourd’hui en France, l’appel lancé par le magazine Témoignage Chrétien demandant la création d’une commission d’enquête parlementaire « afin de faire toute la transparence sur les crimes de pédophilie et leur dissimulation dans l’Eglise catholique » a reçu un accueil plutôt favorable.
Pour voir le jour, une commission d’enquête parlementaire doit d’abord être demandée par un ou plusieurs sénateurs ou un ou plusieurs députés. La proposition est ensuite soumise à un vote. Plusieurs parlementaires se sont déjà prononcés en faveur d’une commission d’enquête à l’instar des sénatrices (PS) Laurence Rossignol et Marie-Pierre de La Gontrie ou le député (LREM) Jacques Maire.
Des parlementaires prêts à déclencher la procédure
Dans un tweet publié dimanche, la députée (PS) Valérie Rabault annonce : « Je proposerai au groupe des députés socialistes à l’Assemblée nationale que nous demandions cette commission. » La sénatrice (EELV) Esther Benbassa y est également favorable. « On n’est pas un tribunal mais il faut faire toute la lumière sur ce fléau. L’Eglise ne fait pas grand-chose pour l’endiguer. Le couvercle ne doit pas être refermé », martèle-t-elle.
Le « oui mais » des évêques
Aucune voix de l’Eglise ne s’est ouvertement élevée contre l’appel de Témoignage Chrétien. L’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit affirme qu’il n’est pas hostile à la mise en place d’une telle commission. Mgr Luc Crepy, président de la cellule permanente de lutte contre la pédophilie, dit oui à une condition : « Que l’Eglise ne soit pas la seule institution visée. »
« Elle ne doit pas devenir le bouc émissaire. Il faut que cette commission englobe toutes les institutions ayant un travail éducatif avec les enfants, notamment les écoles, les clubs de sport… », précise l’évêque du Puy-en-Velay. Mgr Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise, est sur la même longueur d’onde. « L’ensemble des institutions doivent être entendues. La pédophilie est un fléau national », observe-t-il. « Cette commission doit prendre en compte toutes les atteintes sexuelles commises par des adultes sur des enfants », suggère, de son côté, Mgr Michel Dubost, évêque émérite d’Evry.
Le père Pierre Vignon, prêtre du diocèse de Valence à l’origine de la pétition exigeant la démission du cardinal Barbarin, préconise également une commission d’enquête « ouverte aux autres institutions car c’est un problème de santé publique général ». « Il est important que les parlementaires fassent, en toute transparence, le boulot qui n’a pas été fait par l’Eglise », répète-t-il.
Des victimes qui veulent témoigner
Les victimes d’ecclésiastiques pédophiles que nous avons interrogées plébiscitent l’instauration d’une commission d’enquête. « Cela doit permettre d’établir un état des lieux plus proche de la réalité que celle avancée par l’Eglise. Si on me le demandait, je serais tout à fait d’accord de témoigner », confie Pierre-Emmanuel Germain-Thill, 38 ans, abusé par le père Preynat à la fin des années 1980 alors qu’il était scout en banlieue lyonnaise.
Jean-François Roche, 60 ans, violé en 1971 lors d’un camp par un curé de la Loire défend, lui aussi, la création d’une autorité indépendante. « C’est essentiel car rien ne bouge ! Cela fait écho au silence de l’Eglise et de la justice », décrit-il. Cette commission pourrait donner la possibilité à certaines victimes comme lui, qui ne peuvent pas se faire entendre par les tribunaux en raison de la prescription des faits, de s’exprimer. « C’est vital pour moi. Il faut que les gens sachent. Enfin, on pourra peut-être parler ! » espère-t-il. »
Pour (re)lire cet article sur le site du « Parisien« , cliquez ici!