Parité : des femmes politiques s’inquiètent dans une tribune dans « Libération »
Quinze femmes politiques françaises tirent la sonnette d’alarme, dans une tribune publiée dans le journal « Libération », mardi 10 avril. À l’heure de #MeToo, elles s’inquiètent de l’absence d’égalité femmes-hommes dans le monde politique.
« Nous sommes encore loin, très loin de l’égalité », écrivent plusieurs femmes politiques de gauche, ce mardi 10 avril, dans une tribune publiée dans Libération.
Elles s’inquiètent de voir que la place des femmes en politique est souvent amoindrie. « Notre époque #MeToo nous rappelle combien les figures populaires ne sont pas masculines, combien les femmes au XXIème siècle ne sauraient être marginalisées et maltraitées », soulignent-elles. « Nous constatons que la place des femmes reste subalterne. Leurs combats à travers l’histoire, de la Révolution française à Mai 68, sont oubliés, comme effacés. Ce décalage constitue une faille démocratique ».
Notre tribune collective aujourd'hui dans @libe signées par plusieurs femmes politiques @FranceInsoumise @Ensemble_FdG @PCF @GenerationsMvt @LePG @EELV https://t.co/NjNcyccAos
— Clémentine Autain (@Clem_Autain) April 10, 2018
Ces élues déplorent « des mécanismes sexistes profondément ancrés » et « un plafond de verre » qui poussent certaines femmes à « jeter l’éponge ». Natalie Kosciusko-Morizet, Najat Vallaud-Belkacem ou bien Cécile Duflot ont par exemple décidé de quitter la politique institutionnelle.
Des femmes politiques qui jettent l’éponge
« Devant ces départs féminins en chaîne, de Sandrine Rousseau à Fleur Pellerin, comment ne pas voir la difficulté, la fatigue, la dureté d’être une femme dans un univers façonné par et pour les hommes », s’interrogent-elles dans la tribune.
En juin 2017, l’ancienne ministre Cécile Duflot avait lancé une #operationrobe, un mouvement pour lutter contre le sexisme au quotidien. Celle qui vient d’annoncer qu’elle quittait le monde politique pour devenir directrice générale de l’organisation Oxfam, racontait sur YouTube le moment où elle a été sifflée alors qu’elle portait une robe à l’Assemblée nationale.
Un appel à la sororité
Dans ce texte, les signataires font la liste des obstacles auxquels elles sont confrontées en tant que femmes politiques. Elles dénoncent la difficulté « à se sentir légitimes dans un univers qui leur a été longtemps interdit », le rôle que l’on attend d’elles dans leur vie privée et domestique, qui les empêche souvent d’avoir autant de temps à consacrer à leur vie professionnel, alors que, dans le monde politique, « le présentéisme est toujours une clé déterminante pour gravir les échelons ».
Elles racontent aussi que les femmes prennent moins la parole, dans les réunions et le débat public, « parce qu’elles y sont minoritaires mais aussi parce qu’elles sont moins écoutées et que leur éducation leur a enseigné que leur avis comptait moins ».
Pour enrayer ce phénomène et permettre aux femmes d’accéder à des postes politiques importants, et d’y rester, les élues lancent un appel à la sororité. « Notre conviction est que pour tenir et gagner notre juste place collective, nous devons parler, nous parler », écrivent-elles. « La sororité est, ici comme ailleurs, un ressort pour que l’égalité progresse ».
Elles concluent : « Ensemble, et avec les hommes qui y sont prêts – et il y en a ! – il nous faut inventer des façons nouvelles de faire de la politique ».