« PARIS — Quelque 5.000 partisans du mariage homosexuel, selon la police, se sont rassemblés mercredi soir à Paris pour dénoncer « l’homophobie » des opposants au projet de loi, qui « s’est intensifiée ces dernières semaines », a constaté une journaliste de l’AFP.
S’abritant de la pluie battante sous des parapluies noirs ou arc-en-ciel, les manifestants se sont massés sur le parvis de l’hôtel de ville, brandissant panneaux et banderoles pour fustiger « l’intolérance et les discours de haine » qui « facilitent les passages à l’acte ».
« Un des visages de la haine », avaient écrit des manifestants sur des pancartes affichant les portraits d’Alain Escada, président de l’Institut Civitas proche des catholiques intégristes, ou de Frigide Barjot, chef de file de la Manif pour tous.
« L’homophobie tue, Barjot homophobe! », ont scandé les manifestants, rejoints par la candidate PS à la mairie de Paris Anne Hidalgo, qui a dénoncé « la violence des mots qui engendre la violence des actes ».
Le président socialiste de la région Ile-de-France Jean-Paul Huchon et le rapporteur a l’Assemblée du projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe Erwann Binet, lui-même victime d’intimidations et de menaces, étaient présents.
« Il est très important que nous soyons tous là (…) pour montrer une image d’amour dans la dignité », a témoigné Wilfried de Bruijin, un homosexuel agressé dans la nuit de samedi à dimanche dans le XIXe arrondissement de Paris, et dont la photo du visage tuméfié a fait le tour des réseaux sociaux.
Plusieurs associations, dont Act-Up, SOS Homophobie et Aides, avaient appelé à un « rassemblement d’urgence » pour « dénoncer la haine déversée depuis des mois » par les opposants au projet de loi sur le mariage homosexuel, « haine qui s’est intensifiée ces dernières semaines ».
« Je suis là en tant que citoyen et homosexuel. Quand on voit les agressions, on se demande jusqu’où ça peut aller », a expliqué Julien Rolland, 20 ans. « Je trouve grave qu’en 2013 il faille se rassembler comme ça pour combattre l’homophobie. »
« Il faut dire +stop+, l’homosexualité n’est pas une maladie mais une différence. Et quand on aura compris que différence égal richesse on aura la clé de tout », juge Chantal, 49 ans, qui a participe au deux manifs précédentes en faveur du mariage pour tous.
« Ca m’attriste car je ne pensais pas qu’il y avait en France, le pays des droits de l’Homme, une force si conservatrice et ringarde », déplore-t-elle.
Depuis le début des discussions sur le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples homosexuels, les associations dénoncent une libération de la parole homophobe. Deux couples homosexuels ont porté plainte pour des agressions homophobes dans la nuit de samedi à dimanche dans les Xe et XIXe arrondissements de Paris.
La semaine dernière, des partisans des Jeunesses nationalistes, un groupuscule d’extrême droite, ont empêché Erwann Binet de tenir une conférence à Saint-Etienne. Il a du coup décidé d’annuler toutes ses interventions.
La sénatrice écologiste du Val-de-Marne, Esther Benbassa, a expliqué recevoir depuis plusieurs jours de nombreuses menaces par téléphone, mails et courrier, et sa voiture a été vandalisée samedi. De son côté, la sénatrice UDI Chantal Jouanno a été la cible d’une opération de militants opposés au mariage homosexuel, auquel elle est favorable. »