Le Grand Débat National

Le 13 janvier 2019, le Président de la République dévoilait sa lettre aux Français, traçant les axes du grand débat national. L’événement, décrit comme salvateur pour l’exécutif, devait venir apaiser le mécontentement citoyen exprimé dans nos rues depuis plusieurs semaines par ceux qu’on appelle désormais les Gilets Jaunes.

Pourtant, à la lecture de cette missive, on ne peut s’empêcher de penser qu’Emmanuel Macron n’a pas suffisamment entendu les revendications populaires. Sont en effet expressément balayées les demandes de justice fiscale et sociale, portées par les Gilets Jaunes. Le chef de l’Etat préfère diviser et enflammer les esprits avec des thématiques clivantes comme l’immigration et la laïcité, plutôt que de mettre en débat certaines de ses réformes impopulaires telles que la suppression de l’ISF. Il s’attaque également à la démocratie tant parlementaire que populaire, en souhaitant réformer le Sénat et en refusant le principe même du référendum d’initiative citoyenne (RIC).

Le lancement du grand débat national à Bourgheteroulde ressemble plutôt à une campagne pour les européennes où le président fait les questions et les réponses. Nous ne refusons pas le débat, mais si débat il y a, les Françaises et les Français y compris les Gilets Jaunes, acteurs incontournables de l’espace politique depuis plusieurs mois, doivent y prendre part, et ce avec leurs gilets.  Un grand débat digne de ce nom ne peut pas se faire dans cette ambiance de répression croissante pratiquée par les forces de l’ordre à l’endroit des Gilets Jaunes avec des personnes éborgnées, mutilées, gravement blessée.