Note sur l’actualité : l’affaire Benalla
L’affaire Benalla reflète l’opacité de ce qui se passe à l’Elysée sous la houlette autoritariste d’un Président, quand le passe-droit est quasiment la règle. Toutes les auditions auxquelles j’ai participé le démontrent. Un jeune ambitieux profite de la proximité du Président pour faire la loi à l’Elysée ainsi qu’à l’extérieur, à la Préfecture de police, à la Direction de l’Ordre public et de la Circulation, etc. Les policiers auditionnés en premier ont parlé de la terreur qu’il faisait régner auprès d’eux. Ses prérogatives et avantages (appartement, port d’arme, voiture de service, passeport diplomatique) ne sont pas celles d’un chargé de mission ordinaire à l’Elysée. Qui était vraiment Alexandre Benalla?
Emmanuel Macron semble ne pas avoir confiance dans le Groupe de sécurité de la présidence de la République composé de policiers et de gendarmes et a peut-être confié à Benalla la formation d’un corps de sécurité privé. Le Président souhaitait contrôler lui-même sa sécurité en passant par un proche.
Les auditionnés n’ont pas cessé de se contredire, de répondre par la langue de bois, la plupart ne savaient pas que Benalla avait frappé des manifestants au Jardin des Plantes et à la place de la Contrescarpe. Qui lui avait donné cette autorisation d’être observateur? Personne ne répond à cette question. Pourquoi la sanction qui lui a été infligée après ses agissements du 1er mai est-elle plutôt disciplinaire? Sa hiérarchie n’a pas demandé l’application de l’article 40 ni envisagé un signalement à la justice. Sa mise à pied n’a pas été assortie d’une suspension de traitement.
Les vicissitudes de cette affaire prouvent une fois de plus la nécessité d’avoir une deuxième chambre pour ne pas laisser la démocratie s’enfoncer plus qu’elle ne l’est aujourd’hui. Si l’Assemblée, où règne la majorité macronienne, a arrêté sa commission d’enquête, celle du Sénat continue son travail pour élucider cette affaire.
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