À en croire le chef du parti présidentiel, Stanislas Guerini, le maintien de la candidature d’Agnès Buzyn à Paris est acté. Une décision qui crée une forme d’incompréhension pour les sénateurs des différents groupes politiques.
« Agnès Buzyn est déterminée », a assuré le patron du parti présidentiel, Stanislas Guerini, ce lundi sur Europe 1. Le maintien de la candidature de l’ex-ministre de la Santé pour les municipales parisiennes a de quoi surprendre. Dans un entretien au Monde, Agnès Buzyn exprimait des regrets quant à sa décision de poursuivre la campagne : « On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar ». Elle assurait également avoir interpellé l’exécutif quant au danger de maintenir ce scrutin. Pour autant, Stanislas Guerini affirme que la candidate reste dans la course et qu’elle « répondra aux attaques extrêmement injustes dont elle a fait l’objet ».
Une nouvelle qui crée l’incompréhension chez les sénateurs de Paris. « Après tout ce qui s’est passé, Agnès Buzyn devrait avoir le sens de l’honneur et se retirer », réagit la sénatrice écologiste, Esther Benbassa. « J’avais trouvé sa décision de retourner à sa carrière (médecin, hématologue NDRL) sensée. Mais elle n’a pas tiré les leçons du fiasco, ça fait politicard qui ne pense qu’à sa carrière », poursuit la sénatrice. Pour Esther Benbassa, cette décision – qui n’a pas encore été confirmée par la principale intéressée – pourrait en outre creuser le fossé entre les Français et leurs dirigeants, favorisant par là même les populistes. « Le moment est grave ! Il faut que les politiciennes et les politiciens se ressaisissent », appelle Esther Benbassa.
« Agnès Buzyn est hors course », estime également le sénateur LR de Paris, Philippe Dominati qui n’est pas beaucoup plus optimiste quant aux chances de la droite parisienne pour le second tour. « La droite paie l’inexistence de son opposition lors de la dernière mandature. La droite parisienne a été sacrifiée par le national qui a choisi le statu quo. LR n’a pas proposé de solutions aux Parisiens », juge Philippe Dominati. Sur Public Sénat, le sénateur LR s’était déjà exprimé en décembre concernant l’investiture de Rachida Dati dont il disait qu’elle n’avait pas « la crédibilité pour avoir un projet pour l’ensemble des Parisiens » (voir notre article).
En l’état actuel des choses, la maire sortante reste la favorite du scrutin. Le score de la droite au premier tour s’est révélé faible. Rachida Dati a obtenu 22,72 % des suffrages exprimés se positionnant derrière Anne Hidalgo (29,33%). Par ailleurs, la droite ne dispose pas de réserve de voix alors qu’une alliance entre la maire socialiste, Anne Hidalgo, et les verts (10,79 %) apparaît très probable pour le second tour. Une perspective « consolidée » avec la transformation de la rue de Rivoli en piste cyclable, selon Philippe Dominati. Opposé à la tenue du second tour le 28 juin, le sénateur LR soutient par ailleurs que cette élection est « biaisée » du fait que Paris soit en zone rouge et que la prime aux sortants soit accentuée en cette période d’épidémie.
Une autre embûche pourrait poindre pour Agnès Buzyn. L’ancienne ministre de la Santé pourrait être convoquée devant la commission d’enquête sénatoriale mise sur pied pour évaluer la gestion de l’épidémie à partir de la fin du mois de juin. L’ancienne ministre de la Santé ne risque donc pas d’être auditionnée durant la campagne mais cela la place tout de même dans une position délicate.
De son côté, le sénateur socialiste de Paris, Rémi Féraud, ne fanfaronne pas. L’hypothèse d’un maintien de la candidature d’Agnès Buzyn appelle des commentaires plutôt sobres. « Ils n’ont que des mauvaises solutions à ce stade. À mon sens, l’erreur fondamentale de LREM a été d’aborder les municipales par le versant national. En marche, et probablement l’Élysée, avaient en tête de battre Anne Hidalgo mais sans projet pour Paris », estime le sénateur PS. « Est-ce qu’elle (Agnès Buzyn) est là pour porter un projet pour les Parisiens ou pour se justifier de son action ou de son inaction ? », s’interroge-t-il aussi, « si elle s’était retirée ça aurait été comme un aveu d’échec ». Comme l’a confirmé le patron du parti présidentiel, Agnès Buzyn devrait s’exprimer dans les prochains jours pour lever les derniers doutes sur son maintien.