J’ai signé la pétition de Léla Bencharif, contre les messages discriminants du Maire de Lorette à destination de la communauté musulmane de sa ville. Vous pouvez en faire de même en cliquant ici !
« Pourquoi c’est important
Quand le maire de Lorette (42) affiche sa haine des musulmans sur la voie publique !
Mr le Ministre de l’intérieur
Mr le Défenseur des Droits
Depuis quelques jours, près de la Mairie de Lorette (42), deux « avis » sont publiés sur la voie publique, par voie d’affichage électronique : « Avis : le Ramadan doit se vivre sans bruit » , « Avis : la République se vit à visage découvert « .
Deux avis exposés à la vue de toutes et tous et qui ne laissent aucune ambiguïté quant au caractère raciste et islamophobe des propos publiés. Sous couvert de jeux de mots douteux, il reste que les mots sont blessants, stigmatisants, irrespectueux, réducteurs et volontairement mis en scène à quelques jours du début du mois de Ramadan. Réduire par exemple le Ramadan a une source de problèmes, relève de l’ignorance, de la caricature et du mépris.
Deux « avis » qui résonnent comme des injures publiques envers des concitoyens, des personnes de confession
musulmane. Les habitants de Lorette n’ont pas connaissance de la publication de ce type d’avis, de mise en garde pour d’autres expressions religieuses, c’est bien là la preuve d’une intention islamophobe qui anime le premier magistrat de la ville.
Que cherche Monsieur le Maire de Lorette à travers cette mise en scène humiliante?
Semer le trouble, la confusion et se positionner ainsi très loin des valeurs de probité, d’intégrité qu’exigent l’éthique et la responsabilité de la fonction d’élu-e?
Monsieur le Maire de Lorette a une curieuse façon d’exprimer son respect de la devise républicaine affichée sur le fronton de la mairie, à quelques mètres des supports d’affichage. Les citoyens n’attendent pas de leur maire d’exprimer des préjugés, des stéréotypes explicites, mais de s’attacher à favoriser les conditions du vivre-ensemble.Quel message livre-t-il à la jeunesse, à celles et ceux qui croient encore que le premier magistrat d’une commune doit s’attacher d’abord et avant tout à garantir la cohésion sociale, le bien-vivre ensemble, dans la sérénité, la fraternité, la solidarité et le respect de ce qui fait la diversité culturelle de notre pays ? Quel message livre-t-il à une partie des concitoyens de Lorette en usant de cette provocation, indigne de la fonction de maire ?
Quelle histoire retient-il de ces générations d’immigrés et de leurs héritiers qui ont contribué au développement de sa ville ? Dès l’entre-deux guerres, déjà , nombreux étaient les travailleurs coloniaux, Maghrébins embauchés comme manœuvres en tant que gaziers d’aciéries, chauffeurs de fours, trempeurs, fondeurs de cuivre,de bronze et de fer, ou encore forgerons, usineurs, lamineurs dans les usines de la Compagnie des Aciéries de la Marine à Saint-Chamond ou à Lorette.
Derrière chaque panneau, c’est une autre mémoire collective qui se révèle à la République, nous invitant à un retour vers l’histoire, celle de la Libération, notamment, où des commémorations, des défilés étaient organisés sur tout le territoire national, afin de rendre hommage aux combattants coloniaux :« Les stéphanois habitant en bordure de ces voies se feront un devoir de pavoiser largement en l’honneur de nos héroïques tirailleurs »
( H. Muller, maire de Saint-Etienne, 22 avril 1945, archives municipales de Saint-Etienne).
Il est un moment particulier de cette histoire qui n’échappera à personne. En cette année 1945, le Service Central des Affaires Musulmanes Nord-Africaines est chargé d’organiser la fête de l’Aïd el Kebir, le 8 septembre 1945, soit quelques mois après la Libération, quelques mois après le massacre de Sétif. Dans le département de la Loire, des crédits sont mis à la disposition des municipalités pour la célébration de cette fête religieuse. Les dispositions ministérielles sont particulièrement explicites. Elles rappellent les enjeux politiques et d’une certaine manière les logiques de réparation qui sous-tendent cette action publique :
« Cette fête musulmane (…), dont la portée morale dans les circonstances présentes, ne saurait vous échapper. J’ai obtenu de M. le Ministre du Ravitaillement sur la base de 2000 rationnaires dans votre département, le déblocage de 100 grammes de viande de mouton, 50 gr. de légumes secs, 150 gr. de couscous, 50 gr. de sucre, 5 grammes de thé ou 25 gr. de café par rationnaire. La distribution gratuite de ces denrées (…) devra être organisée par vos soins de la façon la plus équitable avec le concours du Service des Affaires Musulmanes Nord-Africaines de Saint-Etienne (…) pour assurer le plein succès de cette manifestation de sollicitude du gouvernement et renforcer le courant de confiance, d’affection et d’estime des populations musulmanes envers la mère patrie ». (extrait de la lettre du Ministre de l’Intérieur adressée au Préfet de la Loire, le 26 août 1945, Archives départementales de la Loire).
L’histoire est riche d’enseignements que de tristes panneaux ne sauraient effacer à coups de jeux de mots. N’en déplaise à ceux qui voudraient faire taire l’histoire et notre mémoire collective.
Le maire, premier magistrat de la ville, et représentant de l’Etat dans la commune, n’est pas sans ignorer la loi. Afficher ses préjugés, exprimer des injures, inciter à la haine sur la voie publique relèvent de propos et d’actes condamnés par la loi française.Nous demandons à Monsieur le Défenseur des Droits et à Monsieur le Ministre de l’Intérieur de prendre les mesures nécessaires pour que la démarche engagée par Mr Le Maire soit sanctionnée pour diffamation et injure. Nous demandons également la suppression des avis publiés par le Maire de Lorette.
Léla Bencharif
Citoyenne, militante politique et associative (département de la Loire) »