« Une pétition d’intellectuels et artistes dans Le Monde passe quasiment inaperçue tandis qu’une présentatrice de télévision plaisante sur les migrants condamnés à de la prison. Faut-il y voir le reflet d’une France de moins en moins ouverte aux souffrances d’autrui?
Le démantèlement de la jungle de Calais est aussi le triste révélateur des indifférences françaises, politiques et médiatiques. De la perte de sens collectif. Nous vivons désormais dans une France où l’on peut faire de l’humour sur le dos des plus démunis à la télévision, plaisanter de leurs heurts et malheurs, tout en étant indifférent aux appels à l’aide de ceux qui tentent de les défendre, tant bien que mal. Ce choc interne de civilisation a eu lieu ce mardi, indirectement, entre le Grand journal et les colonnes du Monde.
Au Grand journal, après la diffusion d’un reportage consacré aux conditions dans lesquelles se déroulent le démantèlement de la « jungle » de Calais et s’achevant par l’annonce de la condamnation à 6 mois de prison de malheureux pour avoir tenté de monter sur un Ferry, la présentatrice vedette de l’émission, Maitena Biraben, a cru adroit d’ironiser sur leur situation: « Au moins, ils seront logés » a-t-elle dit. Malaise sur le plateau. […]
Une pétition qui passe inaperçu
A priori,c’est une pétition qui entend peser: on y relève la signature degrandes figures de la gauche culturelle et intellectuelle, médiatique et politique : Guy Bedos, Agnès B., Laurent Cantet, Éric Fassin, Noël Mamère, Jacques Rancière, Didier Daeninckx, Julien Bayou, Esther Benbassa, Philippe Corcuff…. Le soutien de EELV et du NPA et de dizaines d’associations…
La pétition vise à attirer l’attention sur l’inefficacité du démantèlement de la Jungle de Calais. Sa nocivité même. « En s’en prenant aux victimes condamnées à se disperser dans la peur, cette politique ne fait que le déplacer et l’aggraver » écrivent les pétitionnaires. Et d’ajouter : « Cette « solution » n’en est pas une. Il faut cesser de chasser de jungle en bidonville toute la misère du monde, persécution qui ne fait qu’exaspérer le ressentiment des « riverains ». Non, le malheur des migrants ne fera pas le bonheur des Français, pas plus à Calais qu’ailleurs. »
Oui, texte et signataires, tout cela doit peser. Eveiller les consciences. Susciter le débat. Changer le cours des choses. […]
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