Un maire peut ne pas célébrer un mariage. Faute de temps, il est en droit de demander à son adjoint de le remplacer, c’est une pratique courante. Mais, jamais au nom de la «liberté de conscience»!
Monsieur Hollande n’avait vraiment pas besoin d’invoquer cette «liberté de conscience»: c’est un glissement de langage fâcheux. Je crois, tout bonnement, que le Président ne s’est pas tenu à son texte. Eu égard à tout le travail précédemment abattu, c’est une digression choquante. J’ai déposé une proposition de loi sur le mariage pour tous le 27 août dernier, le projet du gouvernement est passé au conseil des ministres, le parlement va bientôt en débattre… Il est inadmissible qu’il y ait, aujourd’hui, des phrases de ce type. Les propos du Président apparaissent comme un gage offert aux cent mille manifestants contre le mariage gay. Désormais, le débat risque d’être encore plus dur puisque les opposants au projet ne vont pas se priver de reprendre, à leur compte, les mots du Président.
Or, la loi sur le mariage pour tous devra être appliquée partout et de la même manière. A ce que je sache, la loi de 1905 n’a pas été faite à la carte, tout le monde l’a mise en oeuvre. Si le corps religieux refuse de marier un couple gay, personne ne leur demande de le faire. En revanche, un maire est un serviteur de l’État et de fait, se doit d’appliquer la loi.
Cette phrase est perçue comme une discrimination, puisqu’elle sous-entend qu’il y a deux sortes de citoyens : ceux pour qui le mariage ne pose pas de problème et les autres.
J’observe toutefois que Jean-Marc Ayrault a pris ses distances avec les propos tenus par François Hollande pendant le Congrès des maires de France. C’est une bonne chose, rien ne sert désormais de mettre de l’huile sur le feu. C’est manifestement un couac.