Le président a souhaité un « prompt rétablissement » à la septuagénaire blessée samedi mais aussi « une forme de sagesse ».
Les propos d’Emmanuel Macron sur Geneviève Legay, militante blessée samedi à Nice, n’ont pas tardé à faire réagir. Ce lundi, dans un entretien publié dans Nice-Matin, le président a souhaité « un prompt rétablissement » à la septuagénaire gravement blessée à la tête lors d’une manifestation des Gilets jaunes samedi. Mais il a également ajouté qu’il lui souhaitait « peut-être une forme de sagesse ».
Alors que les circonstances de la chute de la porte-parole d’Attac dans les Alpes-Maritimes ne sont pas encore éclaircies, ses proches dénonçant une charge violente des forces de l’ordre, plusieurs voix à gauche se sont élevées pour dénoncer les propos d’Emmanuel Macron. Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise, a été l’un des premiers à protester. « Monsieur Macron, notre Geneviève de Nice n’a pas besoin de vos leçons de sagesse », a-t-il écrit sur Twitter.
Monsieur Macron, notre Geneviève de Nice n'a pas besoin de vos leçons de sagesse. Vous auriez beaucoup à apprendre d'elle. Elle milite pour le bien des autres. Et vous, vous la frappez au nom de quoi ?
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) March 25, 2019
« Le président est à deux doigts d’expliquer qu’elle l’a bien cherché », s’est aussi agacée la tête de liste communiste aux européennes Ian Brossat, évoquant le passage de l’interview où Emmanuel Macron estime que « quand on est fragile […] on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits ».
La sénatrice écologiste Esther Benbassa a regretté que le chef de l’Etat soit, selon elle, « incapable d’un simple moment d’empathie ». « Quand il y aura un mort, il lui souhaitera d’aller au paradis ? », ajoute-t-elle.
Le parallèle avec Malik Oussekine
L’avocat de Geneviève Legay a lui jugé les propos présidentiels « grossiers et indélicats ». « On ne critique par quelqu’un qui est sur un lit d’hôpital et nos aînés ont le droit d’exprimer leurs convictions politiques, a ajouté Me Arié Alimi qui doit formaliser la plainte de la famille de la manifestante dans la journée.
« Cela me rappelle un peu les propos de Robert Pandraud à l’égard de la famille de Malik Oussekine », a-t-il expliqué, dans une référence au ministre délégué à l’Intérieur après les manifestations étudiantes de 1986 qui avait fait un mort. « La mort d’un jeune homme est toujours regrettable, mais je suis père de famille, et si j’avais un fils sous dialyse je l’empêcherais de faire le con dans la nuit », avait alors lancé Robert Pandraud.
L’avocat doit déposer plainte pour « violence en réunion avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique contre personne vulnérable », et contre le préfet. Une vingtaine d’associations ont appelé à manifester lundi à 18 heures place Garibaldi, là où Geneviève Legay a été blessée.
Estrosi au secours du président
Le maire de Nice Christian Estrosi est venu au secours du président. « De nombreux témoignages démontrent que c’est dans un mouvement de foule auquel elle participait qu’elle aurait trébuché », a-t-il déclaré sur France Info, dénonçant la mise en cause « en permanence de la police ». « Cela a un côté insupportable », a-t-il ajouté.
Mounir Mahjoubi, secrétaire d’Etat chargé du Numérique, a lui aussi défendu Macron. « Ce que j’entends dans la phrase du président, c’est de la compassion pour cette dame », a-t-il lancé sur BFMTV tout en disant « regretter les violences ».
Samedi, les pompiers avaient évacué Geneviève Legay consciente, malgré ses blessures et la flaque de sang visible au niveau de sa tête. Elle souffre notamment de plusieurs fractures au crâne. Une enquête a été ouverte sur ces faits « en recherche des causes des blessures ».
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