par Loïc Le Clerc,
« Les sénateurs Esther Benbassa (EELV) et Jean-René Lecerf (UMP) ont récemment présenté un rapport intitulé « La lutte contre les discriminations : de l’incantation à l’action ». Malika Sorel, ancienne membre du Haut conseil à l’intégration, nous a accordé un entretien afin de décortiquer ce texte aux analyses et propositions très polémiques.
Marianne : Le rapport Benbassa-Lecerf propose d’« introduire dans le recensement une question sur le pays de naissance des parents et la nationalité antérieure ». Pensez-vous que de telles informations ont un intérêt pour lutter contre les discriminations ? N’y a-t-il pas un risque de dérive vers des statistiques ethniques ?
Malika Sorel* : Tout d’abord, il est important de préciser que ce rapport indique très clairement, et dès le tout début, son orientation et son parti pris. En effet, il pose d’emblée que« les préjugés et les stéréotypes ancrés dans nos mentalités, qui fabriquent les discriminations, sont à la fois nombreux et prégnants ».
Quant à la collecte d’informations qu’il préconise, elles n’apporteraient strictement rien à une lutte contre des discriminations dont le rapport lui-même laisse entendre qu’il n’en sait, au final, pas grand-chose mais qu’il subodore qu’elles existent, et qu’elles seraient nombreuses. C’est dire la précision des éléments de réflexion sur lesquels le rapport s’est fondé pour demander des statistiques ! Il se fonde sur la perception personnelle qui a été transmise par des auditionnés, qu’il cite d’ailleurs un à un au fil de ses assertions et propositions.
Le rapport est d’une telle naïveté qu’il va donc jusqu’à dire exactement sur qui et sur quoi il fonde cette demande. Il faut le lire, car cela vaut vraiment le détour. Quant aux statistiques par la nationalité que le rapport propose, ce serait un jeu d’enfants que de reconstituer ensuite des statistiques ethno-raciales. Mais pour qui prend-on les Français ? » […]
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