Maison d’arrêt de Fresnes: la « rigueur » rappelée aux surveillants après deux morts en un mois

Le directeur de la maison d’arrêt de Fresnes a assuré lundi à la sénatrice Esther Benbassa, qui visitait son établissement, avoir rappelé ses surveillants à la « rigueur » pendant leurs contrôles, après la mort de deux détenus en moins d’un mois.

Un premier détenu, Théo, âgé de 28 ans, avait été retrouvé mort le 11 janvier dans sa cellule de la prison du Val-de-Marne et un autre, Sébastien, 24 ans, l’a été le 5 février.

Si les causes de la mort du premier restent mystérieuses, le second se serait apparemment suicidé.

Ces décès, qui font toujours l’objet d’enquêtes, ont suscité une visite de l’élue (ex-EELV) de Paris dans cette prison construite à la fin du XIXe siècle et connue pour sa vétusté. 

Selon une source pénitentiaire, Sébastien « avait été incarcéré quatre fois pour violences, notamment intrafamiliales. Il était libérable en juin et venait de reprendre une nouvelle peine de trois ans (d’emprisonnement) pour des faits de harcèlement commis depuis la détention ».

« Il n’était pas identifié comme suicidaire, il n’avait pas manifesté de velléité de passer à l’acte », a expliqué devant la cellule, recouverte de scellés rouges, un surveillant à Esther Benbassa.

La sénatrice avait convié la presse à sa visite mais était la seule habilitée à poser des questions aux agents et aux détenus.

Dans la section où se trouvait Sébastien, deux rondes sont organisées la nuit: une vers 20H00, l’autre vers 07H00.

C’est donc pendant ce laps de temps que le détenu est apparemment passé à l’acte. Il avait obstrué l’oeilleton de sa cellule, qui permet aux surveillants de vérifier ce qui se passe dans la cellule.

« Troubles psychiatriques » – Dans l’établissement, la nuit, chaque division (environ 600 prisonniers) est confiée à huit surveillants.  

« Malheureusement, en service de nuit on ne peut pas être en permanence derrière chaque porte. On a une population qui a le temps d’observer nos pratiques et de connaître nos rondes. Ils savent quand on va passer », avance Jean-Christophe Petit, représentant local du syndicat Ufap-Unsa Justice.

« Les agents font leur contrôle correctement, certains le font de manière un peu superficielle, mais c’est une minorité », a rassuré Jimmy Delliste, le directeur de l’établissement, qui a organisé la semaine dernière une réunion avec ses agents.

« La prévention du suicide, c’est une chose sur laquelle on travaille depuis des années », a-t-il ajouté.

« Nous avons de plus en plus de personnes écrouées qui, de notre point de vue, souffrent de troubles psychiatriques ou de troubles du comportement. Ce n’est pas la faute des psychiatres, ils sont peu nombreux », a également expliqué M. Delliste.

Les syndicats dénoncent eux un problème d’effectifs: « on rappelle les gens sur leur temps de repos pour venir travailler, il nous manque des agents », dit Cédric Boyer, délégué FO Pénitentiaire. 

A Fresnes, deuxième plus grosse prison de France, quatre détenus se sont ôté la vie en 2021.

Interrogé sur la mort de Sébastien, un de ses voisins de cellule a simplement déclaré à la sénatrice: « tout le monde était gentil avec lui, il voulait peut-être partir. C’est la prison, c’est normal ».

Source : https://www.bfmtv.com/paris/maison-d-arret-de-fresnes-la-rigueur-rappelee-aux-surveillants-apres-deux-morts-en-un-mois_AD-202202140502.html