par François Vignal,
« Le débat monte sur la nécessité ou non d’une nouvelle loi antiterroriste, alors que le Parlement vient de voter un texte. Manuel Valls va vite faire des «propositions». Au Sénat, Nathalie Goulet (UDI), Jean-Jacques Hyest (UMP) et Esther Benbassa (EELV) s’opposent à un nouveau texte.
Et maintenant ? Après les terribles attentats qui ont frappé la France, puis l’immense marche républicaine qui a rassemblé à travers tout le pays 4 millions de personnes, que faire ? La question de l’arsenal législatif est sur beaucoup de lèvres. Faut-il une nouvelle loi alors que le Parlement a adopté fin octobre un texte renforçant la lutte antiterroriste ? […]
Benbassa : « Il faut faire un travail de fond »
Au-delà de la question législative ou des moyens, répondre au défi de l’extrémisme religieux sur le sol français appelle aussi des actions plus profondes. « Il y a un problème d’éducation. Des jeunes ne se sont pas levés lors de la minute de silence. Là, vous n’allez pas faire de loi », souligne l’UMP Jean-Jacques Hyest. La sénatrice écologiste Esther Benbassa défend aussi une prise en compte du problème à la base. « Qu’on augmente la sécurité, c’est normal. Mais jusqu’à présent, les nouvelles lois n’ont pas arrêté les actes terroristes. Il faut faire un travail de fond ». Pour la vice-présidente de la commission d’enquête du Sénat sur les jihadistes, « il faut arrêter avec la politique politicienne et s’intéresser aux gens ».
« Pourquoi les auteurs de l’attentat mettent-ils leur vie en danger pour tuer des innocents ? Ce sont des jeunes qu’on a oublié, qu’ils soient musulmans ou pas, mais les arabo-musulmans encore plus. Ils cherchent leur rêve dans le terrorisme. En tant qu’enseignante à l’université et politique, je dis que nous avons échoué. Il y a plus de 50% de chômeurs parmi certains jeunes. Ils se servent de modèles qu’ils ont connu, de jeux vidéos de violence, de paroles d’ignorants mollahs qui leur enseignent n’importe quoi, d’Internet où ils apprennent un Islam littéral, ils ne savent pas ce qu’il y a dans le Coran. Puis ils sont humiliés à force de se faire contrôler pour un oui, pour un non, ou quand ils ne trouvent pas de travail parce qu’ils s’appellent Mohammed », souligne Esther Benbassa, pour qui « il faut former des imams et des aumôniers musulmans dans des écoles sous convention de l’Etat, afin qu’ils puissent prêcher quand ils auront un certificat de formation ».
Le débat sur les réponses à apporter après les attentats ne fait que commencer. Il continue demain au Palais bourbon, puis au Sénat. A 16h15, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve s’exprime dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg, avant le président du Sénat et les présidents de groupe. »
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