Lutte contre le crime organisé : bientôt tous écoutés ? (Public Sénat, 30 mars 2016)

« Utilisée par les services de Renseignements, la technique des IMSI-catchers pourra bientôt être utilisée par les policiers et gendarmes dans des affaires de criminalité organisée. En clair : un quartier entier pourra être mis sur écoute pour localiser un suspect…

Adopté massivement par les députés le 8 février dernier, le projet de loi « renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement, et améliorant l’efficacité de la procédure pénale » est examiné en séance cette semaine par le Sénat. Et cet après-midi, c’est l’épineux volet des IMSI-catchers (article 2 du projet de loi) qui était mis aux voix des membres de la Haute assemblée. IMSI-catchers : ça veut dire quoi ? Les sénateurs se sont d’ailleurs eux mêmes posés la question dans l’hémicycle. Le rapporteur du texte, le sénateur UDI et ancien Garde des sceaux, Michel Mercier s’est donc lui-même chargé d’en donner la définition en français : « chasseur de l’identité mobile internationale de l’abonné ». Et si on n’a toujours pas compris, il s’agit de fausses antennes relais permettant l’interception, la captation d’appels ou de SMS. Certains appareils disposent aussi de fonctionnalités supplémentaires comme l’interception du trafic Internet mobile ou la capacité de bloquer tout appel tentant de parvenir à un téléphone donné. […]

« Si j’étais criminel, je n’aurais pas de portable »

Peu convaincue par cet exposé, la sénatrice écologiste Esther Benbassa, dépositaire d’un amendement de suppression de ce recours au IMSI-catchers, interpelle Jean-Jacques Urvoas : « Si cet outil est si insignifiant, je ne vois pas pourquoi on s’attarde (…) ça fait un peu science fiction, vous nous donnez des détails (…) mais ce n’est pas anodin les IMSI-catchers ». C’est même « un peu liberticide » reconnait Georges Moreas ancien commissaire etauteur de « Dans les coulisses de la lutte antiterroriste » ed. First document. Si l’outil est efficace sur le plan technique, le problème selon lui, c’est que cette technique sera utilisée dans le cadre des enquêtes préliminaires « donc à l’initiative des flics ». « Cela veut dire que policiers et gendarmes peuvent pratiquement à leur initiative déclencher un processus très intrusif » détaille–t-il. Et en matière d’efficacité, son analyse n’est guère plus positive : « franchement, si j’étais criminel, je n’aurais pas de portable. Le problème avec ces débats autour de la lutte contre la criminalité ou la lutte antiterroriste, c’est que des méthodes jusque là cachées sont révélées au grand jour. Tout le monde les connait et peut potentiellement les éviter ». […]

Pour (re)lire l’article de Public Sénat dans son intégralité, cliquez ici.