Lula : une situation alarmante au Brésil
A quelques mois des élections présidentielles brésiliennes, des parlementaires dénoncent le «simulacre de procès» et «l’incarcération arbitraire» dont est victime l’ancien président, qui représente pourtant une alternative sérieuse dans un pays en crise.
Nous, élus de diverses sensibilités politiques, sommes particulièrement inquiets de l’incarcération arbitraire de l’ancien président du Brésil Luiz Inácio Lula da Silva, emprisonné depuis le 7 avril dans la ville de Curitiba, Etat du Parana.
Après le coup d’Etat institutionnel contre Dilma Rousseff en 2016, l’emprisonnement sans preuves de Lula ne peut laisser aucun démocrate indifférent. Qu’en est-il du respect de l’état de droit au Brésil ?
Alors que les élections présidentielles doivent se tenir en octobre, Lula représente une alternative pour de nombreuses Brésiliennes et de nombreux Brésiliens face à la crise que traverse actuellement le pays, il est gênant pour ceux qui se sont emparés du pouvoir et qui ne comptent pas s’en départir.
Le simulacre de procès qui lui a été fait a également révélé la partialité d’une partie du ministère Public et du pouvoir judiciaire brésilien. Celui-ci s’est déroulé avec l’appui des grands médias et d’une partie de l’armée, qui en a profité pour s’immiscer dans les affaires politiques et judiciaires en cours. Ceci est très préoccupant dans un pays encore marqué par les stigmates de la dictature militaire de 1964-1985.
Cet emprisonnement a lieu dans un contexte politique et social particulièrement tendu au Brésil, avec pour point d’orgue l’assassinat de la conseillère municipale de Rio de Janeiro Marielle Franco le 14 mars et alors que le Brésil connaît une escalade de violence, des favelas au monde politique. Le 27 mars, la caravane de l’ex-président Lula a ainsi été visée par des tirs lors de son passage dans le sud du pays.
Nulle opposition politique ne saurait justifier le déni démocratique qui règne aujourd’hui au Brésil. Nul processus judiciaire ne doit être utilisé à des fins politiques, afin de réduire au silence un leader charismatique et embarrassant. Si la lutte contre la corruption est légitime et essentielle, elle ne doit pas être menée au détriment de la présomption d’innocence et du respect de la Constitution. C’est pourquoi, nous appelons les démocrates du monde entier à réagir et nous nous associons à toutes les forces politiques, syndicales et sociales, ainsi qu’à toutes les Brésiliennes et tous les Brésiliens qui s’opposent à l’incarcération arbitraire de l’ancien président Lula.
Laurence Cohen, Sénatrice (CRCE) du Val-de-Marne Martina Anderson, Députée européenne, Sinn Féin, Irlande ; Eliane Assassi, Sénatrice (CRCE) de Seine Saint-Denis, Présidente du groupe CRCE ; Clémentine Autain, Députée (FI) de Seine Saint-Denis ; Esther Benbassa, Sénatrice EELV de Paris ; Luc Carvounas, Député (PS) du Val-de-Marne ; André Chassaigne, Député (GDR) du Puy-de-Dôme, Président du Groupe GDR ; Eric Coquerel,Député (FI) de Seine Saint-Denis ; Nikos Chountis, Député Européen, Unité Populaire, Grèce ; Javier Couso Permuy, Député européen, Izquierda Unida, Espagne ; Eleonora Forenza,Députée européenne, Altra Europa con Tsipras, Italie ; Guillaume Gontard, Sénateur (CRCE) de l’Isère ; Tania Gonzalez Peñas, Députée européenne, Podemos, Espagne ; Joël Labbé,Sénateur (RDSE) du Morbihan ; Pierre Laurent, Sénateur (CRCE) de Paris, Secrétaire Nationale du PCF ; Patrick Le Hyaric, Député européen PCF-Front de Gauche ; Serge Letchimy, Député (PPM) de Martinique ; Marie-Noëlle Lienneman, Sénatrice (PS) de Paris ; Emmanuel Maurel, Députée Européen PS ; Luke Ming Flanagan, Député européen, Indépendant, Irlande ; Joao Pimenta Lopes, Député européen, PCP, Portugal ; François Ruffin, Député (FI) de la Somme ; Neoklis Sylikiotis, Député Européen, AKEL, Chypre ; Marie-Christine Vergiat, Députée européenne, Front de Gauche ; Marie-Pierre Vieu,Députée européenne PCF-Front de Gauche ; liste complète des signataires : https://liberezlula.org/2018/05/lula-une-situation-alarmante-au-bresil/