Monsieur le président Abdel Fattah Al Sissi,
Nous, élu.e.s français.e.s locaux, régionaux, nationaux et européens, vous adressons cette lettre afin d’exprimer notre profonde préoccupation face au maintien en détention de milliers de prisonniers d’opinion en Égypte, notamment du militant politique et défenseur des droits humains égypto-palestiniens Ramy Shaath, époux d’une citoyenne française.
Le 5 juillet prochain marquera les deux années de détention préventive de cet éminent défenseur des droits humains, soit la durée maximale prévue par la loi égyptienne. À un mois de cette échéance et au nom du partenariat historique qui unit la France et l’Égypte, la classe politique française vous appelle d’une seule voix à intervenir afin de faciliter sa libération immédiate et inconditionnelle, et la réunification de cette famille française et égyptienne.
Ramy Shaath a été arrêté arbitrairement le 5 juillet 2019, à son domicile au Caire, puis placé en détention préventive dans des conditions cruelles et inhumaines. Son épouse, la citoyenne française Céline Lebrun-Shaath, présente lors de l’arrestation, s’est vue privée de son droit de contacter le consulat français avant d’être expulsée illégalement d’Égypte où elle résidait depuis sept ans.
La détention préventive de Ramy Shaath a depuis été renouvelée 23 fois sans aucune preuve, ni inculpation. En avril 2020, son nom a été ajouté de manière arbitraire à la liste égyptienne des « entités et individus terroristes », en son absence et celle de ses avocats.
Cette décision a été vivement critiquée, notamment par des experts des Nations unies, dans un communiqué demandant son retrait de cette liste, sa libération et dénonçant l’usage par l’Égypte des législations antiterroristes pour cibler des défenseurs des droits humains.
Harcelé depuis de nombreuses années, alors qu’il est engagé au sein de plusieurs mouvements politiques laïcs pendant la révolution égyptienne comme le parti social-démocrate égyptien Al-Destour, ou encore au sein du mouvement BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions), Ramy Shaath n’a fait qu’exercer pacifiquement son droit à la liberté d’expression et à la participation aux affaires publiques. Au fil des derniers mois, les appels à sa libération se sont multipliés. La France, par la voix de ses élus mais aussi de son gouvernement, s’est fortement mobilisée pour la réunification de la famille et continuera de le faire dans le cadre du dialogue franc et exigeant entre nos deux pays.
Aujourd’hui, nous partageons les innombrables préoccupations, exprimées dans de nombreuses instances internationales telles que le Parlement européen et le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, face à la situation des droits humains en Égypte et l’utilisation par les forces de sécurité des pouvoirs de lutte antiterroriste envers les défenseurs des droits humains et la société civile.
Le partenariat historique entre nos deux pays repose sur une communauté de valeurs et d’intérêts qui nous invite à être tout particulièrement attentifs et exigeants quant au respect des droits humains et des libertés fondamentales. Or, le maintien en détention de prisonniers d’opinion, comme Ramy Shaath, qui contrevient aux obligations internationales de l’Égypte en matière de respect des droits fondamentaux, vient ébranler ce socle de valeurs communes au risque de remettre en question ce partenariat.
En tant qu’élu.e.s français.e.s, soucieux de préserver la relation qui lie nos deux pays, comme de protéger nos ressortissants et leur famille, nous vous appelons à faciliter la libération immédiate et inconditionnelle de Ramy Shaath, et la réunification de sa famille.
À l’heure où l’Égypte fait face à une crise en matière de droits humains, cette libération constituerait pour vos alliés historiques un réel signe d’espoir.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le président de la République, l’expression de notre très haute considération.
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