« Qu’on sache d’où sont les Français, aujourd’hui, cela ne change rien à la réalité de leur vie et c’est une information utile », a répondu l’ancien président, pas opposé sur le principe, donc, à de telles statistiques. Pourtant, la Constitution française interdit aujourd’hui d’établir entre les citoyens toute distinction de race ou de religion, au nom d’une République indivisible et laïque.

Aggraver les discriminations ?

Une posture qui n’a pas empêché plusieurs travaux de se pencher sur la question. Déposé en janvier 2015, le rapport d’information des sénateurs Esther Benbassa (EELV) et Jean-René Lecerf (UMP) préconise d’introduire dans le recensement, une fois tous les cinq ans, une question sur l’origine des parents. Le but recherché : lutter contre les discriminations. Cette démarche est soutenue notamment par le directeur de recherches sur les discriminations ethniques à l’INED, Patrick Simon. Dans ses études, il explique que de tels outils permettraient de mettre à jour des différences de traitement quant à l’accès à l’emploi, au logement social ou encore en matière de salaires et donc de tendre vers davantage d’égalité entre les personnes.

Reste que pour les associations de lutte contre le racisme, cette pratique est une fausse bonne idée. Loin de diminuer les discriminations, les statistiques ethniques les aggraveraient, selon les porte-paroles de SOS Racisme, pour qui « enfermer les individus dans des identités ethno-raciales » reviendrait à transformer « les stéréotypes en idées sociologiques ».

Le risque : la récupération politique

La principale crainte qu’on retrouve en filigrane dans les arguments des détracteurs, c’est en fait la récupération politique éventuelle de ces données statistiques. Tombés entre des mains peu scrupuleuses, de tels chiffres, rapportés à la population carcérale ou à la délinquance par exemple, pourraient alimenter des discours de haine et d’exclusion vis-à-vis de telle ou telle ethnie.

De nombreuses polémiques n’ont d’ailleurs pas attendu Nicolas Sarkozy pour éclater. En février 2011, le polémiste Eric Zemmour avait été condamné pour incitation à la discrimination raciale lorsqu’il avait asséné que « la plupart des trafiquants [étaient] noirs et arabes ». Plus récemment, Roger Cukierman, président du Crif, avait suscité la controverse sur Europe 1 en faisant des « jeunes musulmans » les responsables de « toutes les agressions antisémites »

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