Les sénateurs PS en passe d’abroger le délit de racolage passif (Libération, 26 mars 2013)

Décryptage.

Par Alice Géraud

Le groupe PS du Sénat doit, aujourd’hui, se réunir pour décider s’il votera jeudi la proposition de loi de la sénatrice (EE-LV) Esther Benbassa pour l’abrogation du délit de racolage passif. Officiellement, à gauche, tout le monde est pour. Mais, emberlificotés dans des profonds désaccords sur la question de la prostitution, les sénateurs PS sont très ennuyés par ce texte.

Qu’est-ce que le racolage passif ?

Depuis 2003, c’est un délit. En France, la prostitution n’est pas interdite, mais le ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, avait trouvé cette astuce pour chasser les prostitué(e)s des trottoirs des centres-villes. Inqualifiable juridiquement, ce délit n’a donné lieu qu’à une poignée de poursuites. Mais il a largement contribué à précariser les prostitué(e)s, les repoussant loin des regards, dans des endroits reculés ou sur Internet. D’où l’engagement de François Hollande d’abroger ce délit.

Quelle est la proposition d’Esther Benbassa ?

La sénatrice écologiste veut tout simplement abroger ce délit. Elle avait déjà déposé une proposition de loi en ce sens en novembre que le PS lui avait déjà demandé de renvoyer. Pour ménager une classe politique très majoritairement abolitionniste et engagée contre toute forme de marchandisation des corps, la sénatrice a cette fois-ci pris soin de choisir ses mots en ôtant l’expression «travailleurs du sexe» pour désigner les prostitué(e)s.

Pourquoi le PS est-il gêné ?

Parce qu’il aurait préféré une loi plus large, abrogeant le délit de racolage mais étudiant d’autres pistes, dont la pénalisation des clients comme l’avait annoncé la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem. A l’abrogation sèche du délit de racolage, la ministre préférait un «message de fermeté aux réseaux de prostitution». Les sénateurs, un peu coincés par l’initiative de Benbassa, devraient cependant adopter son texte.

Lire cet article sur le site de Libération