Après la Grande-Bretagne et la Suède, la France pourrait bientôt voter pour une reconnaissance de l’Etat palestinien. Une proposition de résolution a été déposée en ce sens par les sénateurs Verts français. Ces initiatives déplaisent particulièrement à Israël qui exercerait quelques pressions diplomatiques sur les pays concernés.
Ils veulent s’aligner sur la Suède ou la Grande-Bretagne qui ont récemment fait des avancées similaires. Les sénateurs EELV réclament de l’Etat français qu’il reconnaisse l’Etat palestinien. Une résolution soutenue par le Front de Gauche : les députés ont quant à eux écrit un courrier à Claude Bartolone, président de l’Assemblée, lui demandant, « dans les plus brefs délais » l’organisation d’un vote.
Esther Benbassa porte cette proposition de résolution
Menés par Esther Benbassa, universitaire franco-turque-israelienne et sénatrice du Val-de-Marne, les sénateurs français ont déposé une proposition de résolution ce jeudi 30 octobre 2014, invoquant leur « attachement au principe d’un État palestinien viable, vivant en paix et en sécurité aux côtés de l’État d’Israël ». Les parlementaires réclament ainsi « que la France reconnaisse sans délai l’État palestinien souverain et démocratique sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem comme capitale des deux États » et invitent « la France à tout mettre en oeuvre pour faire aboutir sur le terrain la solution négociée de deux États indépendants contigus ». En 1967, lors de la Guerre des Six jours, Israël annexait la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est.
Jeudi 30 octobre dernier, la Suède reconnaissait elle aussi par décret l’Etat palestinien. « C’est un pas important qui confirme le droit des Palestiniens à l’auto-détermination« , avait considéré Margot Wallström, chef de la diplomatie suédoise.
En France, du côté des députés Front de Gauche, on estime que « la France ne peut pas rester en retrait après la reconnaissance par le Parlement britannique le 13 octobre dernier. » Vote symbolique qui n’a aucun effet sur la position du gouvernement à ce sujet, la motion avait pour objectif d’être « une contribution pour assurer une solution négociée consacrant deux Etats » dans cette région. Une motion adoptée par 274 voix contre 12.
« La reconnaissance devait être liée à la négociation »
Au lendemain de ce vote, Laurent Fabius arguait à l’Assemblée nationale qu’une décision pareille devait être « utile à la paix » et non pas seulement « symbolique ». Une décision qui interviendrait « le moment venu ». Le chef de la diplomatie française a tout de même précisé quand ce moment serait venu : « Jusqu’à présent l’idée qui a prévalu ce’st que la reconnaissance devait être liée à la négociation. A partir du moment où la négociation serait impossible ou n’aurait pas de conclusion, il faudrait évidemment que la France prenne ses responsabilités. »
Ses responsabilités diplomatiques notamment. « Même si les marges de manoeuvre diplomatique se révèlent étroites, tout vote symbolique en faveur de la reconnaissance de l’État palestinien aux côtés de l’État israélien – dont toutes les parties doivent reconnaître l’existence et le droit à la sécurité – constituerait un pas en avant pour une paix juste et durable », estime la sénatrice Esther Benbassa, dans un communiqué.
Les relations au Moyen-Orient « plus compliquées qu’un meuble Ikea »
Car ces reconnaissances, même symboliques, sont loin de plaire à l’Etat d’Israël. Suite au vote suédois, le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, s’est adressé à Stockholm, ironisant sur les relations au Moyen-Orient, les qualifiant de « plus compliquées que le montage des meubles Ikea ». Il a ajouté que de telles initiatives « renforcent les exigences irréalistes des Palestiniens et éloignent la possibilité d’un accord ».
Esther Benbassa, elle, aurait reçu un courrier de la part de l’Ambassade d’Israël. Elle explique au Monde : « Nous avons reçu un courrier nous expliquant que notre résolution était infondée et qu’il fallait laisser les pays négocier. » L’ambassade aurait également pris un rendez-vous avec Gérard Larcher, président du Sénat.
D’après l’autorité palestinienne, déjà 134 pays, dont sept membres de l’Union européenne, ont reconnu l’Etat palestinien. L’Espagne devrait entamer le même processus de reconnaissance dans les jours prochains.